C’est un procès hors norme qui s’est ouvert au palais de justice de Paris, sur l’île de la Cité, ce lundi 28 avril. Dix personnes — neuf hommes et une femme — âgées pour la plupart de 60 à 75 ans, sont jugées pour leur implication présumée dans le braquage de Kim Kardashian, survenu dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016. L’affaire, très médiatisée dès l’origine, a attiré de nombreux journalistes, notamment étrangers, venus couvrir cette audience hors du commun.
Les accusés comparaissent libres, tous étant sortis de détention provisoire en 2018. Parmi eux figure Aomar Ait Khedache, 69 ans, considéré comme le cerveau du coup, bien qu’il conteste ce rôle. Sourd-muet, il assiste au procès avec l’aide de sténotypistes. D’autres, comme Yunice Abbas, 72 ans, ou Didier Dubreucq, dit « Yeux bleus », ancien braqueur aujourd’hui en chimiothérapie, présentent un profil similaire : des retraités au passé judiciaire chargé.
Les faits : un braquage dans un hôtel de luxe parisien
Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, vers 3 heures du matin, cinq hommes armés et masqués pénètrent dans l’hôtel particulier de Pourtalès, dans le 8e arrondissement de Paris, où réside temporairement Kim Kardashian. Les malfaiteurs neutralisent le veilleur de nuit et le contraignent à les conduire jusqu’à la chambre de la star américaine, présente à Paris pour la Fashion Week.
La célébrité, alors âgée de 35 ans, est surprise alors qu’elle s’apprête à se coucher. Elle est ligotée, bâillonnée, puis enfermée dans la salle de bains. Les braqueurs lui dérobent pour près de 10 millions de dollars de bijoux, dont une bague de fiançailles d’une valeur de plus de 4 millions, que Kanye West lui avait offerte. Traumatisée, Kim Kardashian confiera plus tard : « J’ai cru que j’allais mourir. »
Une enquête rapide et méticuleuse
Trois mois après les faits, la Brigade de répression du banditisme interpelle dix-sept suspects. C’est grâce à des traces ADN retrouvées sur des liens et du ruban adhésif que les enquêteurs identifient Aomar Ait Khedache. L’exploitation de son téléphone portable permet de remonter la piste de ses complices. Un seul bijou — un collier — a été retrouvé, tombé lors de la fuite des malfaiteurs. Le reste du butin aurait été écoulé en Belgique. En tout, les voleurs sont repartis à vélo avec un butin estimé à 9 millions d’euros.
Surnommés les « papys braqueurs », les accusés affichent des âges inhabituels dans ce type d’affaires. Beaucoup sont des récidivistes du grand banditisme. Yunice Abbas, 72 ans, a reconnu son implication en expliquant avoir servi de guetteur. D’autres, comme Didier Dubreucq ou Pierre Bouianere, aujourd’hui atteint de la maladie d’Alzheimer, n’ont pas la capacité physique ou mentale de participer activement au procès. Un des douze prévenus initiaux est décédé depuis, et un autre a vu son dossier disjoint pour raison de santé.
L’enjeu du procès
L’audience est prévue jusqu’au 23 mai. Elle s’articulera autour de l’examen de personnalité des accusés, des témoignages d’experts, du témoignage attendu de Kim Kardashian le 13 mai, puis des plaidoiries. Le réquisitoire est prévu le 21 mai.
Les accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité pour vol avec arme en bande organisée et enlèvement avec séquestration. Depuis ce traumatisme, Kim Kardashian avait longtemps évité de revenir à Paris. Dans plusieurs interviews, elle a évoqué les séquelles psychologiques durables de cette nuit, qu’elle décrit comme l’un des moments les plus terrifiants de sa vie. Elle a toutefois annoncé, via la voix de ses avocats français, sa volonté de témoigner à la barre le 13 mai, neuf ans après les faits.