Une femme condamnée pour avoir inventé plusieurs actes antisémites

Une Parisienne de 51 ans a été condamnée à trente mois de prison, dont un ferme, pour avoir inventé des actes antisémites dans son immeuble. L'affaire, survenue en 2024, s’inscrit dans un contexte de forte hausse de ces actes en France. L'enquête a montré que la plaignante elle-même était à l’origine des dégradations.

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Palais de Justice en France (illustration) © DÉCHIFFREUR / LF
Palais de Justice en France (illustration) © DÉCHIFFREUR / LF

Entre le 19 septembre et le 24 octobre 2024, Nancy S. dépose dix plaintes. Elle affirme que des messages antisémites ont été gravés dans les parties communes de son immeuble, situé dans le 11ᵉ arrondissement de Paris. Les inscriptions sont violentes. Certaines montrent des croix gammées, d’autres des menaces telles que « Mort aux juifs ».

Elle précise habiter l’immeuble où Mireille Knoll, une survivante de la Shoah, a été tuée en 2018. Ce rappel renforce la gravité perçue de l’affaire. Le parquet ouvre alors une enquête afin de mettre la lumière sur ces faits.

Une enquête qui ne trouve pas de coupable extérieur

La police exploite les caméras du quartier. Aucune trace d’intrusion. Personne ne semble être entré dans l’immeuble au moment des faits. Le 2 décembre, une caméra est installée dans le hall. Résultat : rien de probant. Pourtant, Nancy S. revient le 20 décembre. Elle dit avoir reçu un courrier à caractère antisémite. Mais cette fois, les vérifications mènent à elle. Le timbre apposé sur la lettre a été acheté par ses soins. Les policiers décident d’aller plus loin.

Les enquêteurs installent une seconde caméra. Elle filme l’intérieur de l’ascenseur. C’est là que tout bascule. Les images montrent Nancy S. en train d’écrire les inscriptions. Sa fille adoptive apparaît aussi. Elle a 17 ans au moment des faits. Aucune poursuite ne sera engagée contre elle, mais son rôle est établi. Pendant l’audience, Nancy S. tente de se défendre. Elle affirme que sa fille est responsable. Son avocat, Me Philippe Sarda, évoque des « zones d’ombre ». Le tribunal, lui, retient la responsabilité principale de la mère.

Une peine ferme

Le vendredi 16 mai 2025, le verdict tombe. Nancy S. est condamnée à trente mois de prison, dont un ferme. Elle ne pourra plus se rendre à son ancienne adresse pendant la durée de son sursis probatoire, fixé à deux ans. Son avocat a annoncé faire appel, qui juge la décision sévère.

Cette affaire intervient dans un contexte préoccupant. En 2024, le ministère de l’Intérieur a recensé 1 570 actes antisémites. Le Conseil représentatif des institutions juives de France parle d’un niveau « historique ». Ce phénomène s’est amplifié après les attaques du 7 octobre 2023, menées par le Hamas en Israël.