Vendredi matin, aux alentours de 8h30, un homme a été mortellement poignardé dans la mosquée Khadidja, située dans le hameau de Trescol, à La Grand-Combe, commune de 5 000 habitants dans le département du Gard. L’agression s’est produite dans la salle de prière, en présence de caméras de vidéosurveillance, alors que la victime, un fidèle âgé de 23 ou 24 ans, se trouvait sur les lieux comme à son habitude. L’auteur présumé, inconnu des habitués de la mosquée, l’a attaqué avec un couteau à longue lame, lui infligeant plusieurs dizaines de coups, avant de filmer la scène.
Une vidéo glaçante postée sur les réseaux sociaux
L’enquête révèle que le suspect a utilisé son téléphone portable pour filmer sa victime gisant au sol, grièvement blessée mais encore en vie. Dans cette vidéo, partagée ensuite sur les réseaux sociaux par un tiers, l’agresseur profère des insultes visant l’islam : « Ton Allah de merde… Je lui ai planté ses fesses », entend-on dire. La voix enregistrée semble jeune et porte un accent du sud de la France, selon une source proche de l’enquête. Conscient d’avoir été filmé par les caméras de la mosquée, l’homme ajoute : « Je vais être arrêté, c’est sûr », répétant la phrase deux fois.
Outre ces images captées par l’auteur lui-même, les enquêteurs disposent également des enregistrements issus des caméras de surveillance internes et externes à l’édifice religieux.
Le procureur de la République d’Alès, Abdelkrim Grini, a précisé que la victime, originaire du Mali, était un habitué de la mosquée. Il vivait depuis plusieurs années à La Grand-Combe et y était très apprécié des habitants. À l’inverse, le suspect ne fréquentait pas du tout les lieux de culte et n’y aurait jamais été vu auparavant.
Un suspect identifié mais toujours en fuite
L’auteur présumé, de nationalité française et non musulman, a été identifié par les autorités, bien qu’il soit encore en fuite samedi en fin d’après-midi. Son frère a été placé en garde à vue, probablement dans le cadre de la diffusion de la vidéo. Le procureur Grini a affirmé que le suspect est « activement recherché » et que les faits sont « très graves » et « pris très au sérieux » par les autorités judiciaires et les services d’enquête.
La piste islamophobe en ligne de mire
Les propos tenus dans la vidéo orientent l’enquête vers une possible motivation islamophobe. Si toutes les pistes restent ouvertes à ce stade, la nature de l’attaque et les éléments recueillis incitent les enquêteurs à étudier la thèse d’un acte motivé par la haine religieuse. Le parquet national antiterroriste (PNAT) évalue actuellement le dossier pour déterminer s’il doit s’en saisir. L’enquête reste, pour l’heure, pilotée par le parquet d’Alès, en lien avec la section de recherches de Nîmes, la police judiciaire et le groupement de gendarmerie du Gard.