Affaire Hedi à Marseille : un rapport de l’IGPN demande des sanctions contre la cheffe de la police

Un an après les faits et plus de deux ans après l’ouverture de l’enquête, un rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) cible désormais la hiérarchie de l’unité mise en cause dans l’affaire Hedi. La commandante de la Brigade anti-criminalité (BAC) de Marseille, cheffe des quatre policiers déjà mis en examen pour violences aggravées, est accusée de manquement à son devoir de commandement. L’IGPN demande un conseil de discipline à son encontre pour faute grave.

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Hedi

Dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023, à Marseille, Hedi Rouabah, alors âgé de 22 ans, est grièvement blessé lors d’une intervention de la Brigade anti-criminalité en marge des émeutes consécutives à la mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre.

Selon les éléments de l’enquête, le jeune homme, qui ne participait pas aux violences urbaines, est atteint par un tir de lanceur de balles de défense (LBD), puis roué de coups par trois policiers dans une ruelle du centre-ville. Il est laissé au sol, avant d’être pris en charge par un commerçant puis hospitalisé à La Timone. Le traumatisme crânien et les blessures subies ont entraîné 80 jours d’incapacité totale de travail.

Une hiérarchie mise en cause

À la suite de cette intervention, quatre policiers de la BAC sont mis en examen pour violences aggravées. Le dossier judiciaire, toujours en cours d’instruction, repose sur les témoignages, les expertises médicales et l’analyse des vidéos de surveillance. Les policiers concernés sont suspendus de leurs fonctions mais continuent de percevoir leur traitement.

Longtemps absente des procédures judiciaires, la commandante de police responsable de l’unité mise en cause est désormais dans le viseur de l’IGPN. Dans un rapport révélé par Mediapart et Marsactu, et confirmé par ICI, la police des polices dénonce son absence de réaction durant les faits. Bien qu’elle n’ait pas porté de coups, elle était présente sur place et n’a pas donné d’ordre pour interrompre les violences.

Le rapport administratif souligne une « atteinte au crédit et au renom de la police nationale dans son refus d’assumer son commandement ». La commandante n’a ni empêché les faits, ni alerté sa hiérarchie par la suite. L’IGPN considère que ces éléments constituent une faute disciplinaire grave, justifiant la convocation d’un conseil disciplinaire.

La suite donnée à ce rapport dépend désormais de la direction générale de la police nationale et, potentiellement, de la justice. Si un conseil de discipline est convoqué, il appartiendra à l’administration d’envisager des sanctions, indépendamment de l’instruction judiciaire en cours.