Mort de Nahel : deux ans après, un hommage organisé à Nanterre alors que le policier sera jugé pour meurtre

REPORTAGE. Deux ans après la mort de Nahel Merzouk, un hommage émouvant lui a été rendu ce 27 juin à Nanterre. Le jeune homme de 17 ans avait été tué par un tir à bout portant lors d’un contrôle routier en 2023. Le policier auteur du tir a depuis été renvoyé devant la cour d’assises pour meurtre, selon la décision des juges d’instruction.

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Marche blanche en hommage a Nahel, le 29 juin 2024 © DÉCHIFFREUR/ LF-DB
Marche blanche en hommage a Nahel, le 29 juin 2024 © DÉCHIFFREUR/ LF-DB

Un hommage en mémoire de Nahel, deux ans après sa mort

Ce vendredi 27 juin, une centaine de personnes se sont réunies à Nanterre (Hauts-de-Seine) pour rendre hommage à Nahel Merzouk, adolescent de 17 ans tué en 2023 par un policier lors d’un contrôle de circulation. Deux ans après ce drame, la mémoire du jeune homme continue de susciter une vive émotion et une mobilisation locale, notamment autour de sa mère et des élus de la ville.

Le rassemblement a été marqué par des prises de parole, notamment celle du maire divers gauche de Nanterre, Raphaël Adam, qui a confirmé l’installation prochaine d’une plaque commémorative en hommage à Nahel. « Une plaque et une justice pour Nahel, c’est ça qui nous attend », a-t-il affirmé devant les personnes présentes. « Merci d’être là, merci d’être mobilisés. On restera ensemble jusqu’à ce qu’on obtienne justice pour Nahel », a-t-il poursuivi.

Lors de la commémoration, la mère de Nahel a pris la parole pour rappeler sa détermination : « Je suis obligé de tenir, pour mon bébé, pour Allah et pour vous. On continue ! Justice pour Nahel », a-t-elle déclaré devant les caméras. Assa Traoré, militante antiraciste et figure du mouvement en mémoire de son frère Adama Traoré, est également intervenue, déclarant : « Nous n’étions pas dans une zone de guerre à Nanterre », critiquant l’usage de la force dans ce type d’interpellation.

Un tir mortel lors d’un contrôle routier

Le 27 juin 2023, Nahel Merzouk, d’origine franco-algérienne, est abattu à bout portant par un policier à Nanterre alors qu’il circulait au volant d’une voiture de location. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’adolescent conduisait à grande vitesse, dépassant les 116 km/h dans une zone urbaine, et venait de frôler un cycliste.

Le tir avait provoqué une vague d’émeutes dans plusieurs quartiers populaires en France, durant plusieurs nuits. Les circonstances du tir avaient relancé le débat sur les violences policières et les conditions d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre.

Le policier auteur du tir mortel renvoyé devant les assises pour meurtre

Il y a quelques semaines, deux ans après la mort de Nahel Merzouk, tué lors d’un contrôle routier à Nanterre, on a appris que le policier à l’origine du tir sera jugé pour meurtre. Les juges d’instruction en charge de l’affaire ont ordonné son renvoi devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine, a annoncé le tribunal dans un communiqué publié le 3 juin dernier. Le jeune Nahel, âgé de 17 ans, avait été atteint d’un tir à bout portant le 27 juin 2023, provoquant une vague d’indignation à travers le pays. Selon le communiqué, le procès pourrait se tenir « au deuxième ou au troisième trimestre 2026 », sous réserve d’un éventuel appel.

Pour Me Frank Berton, avocat de la mère du défunt, la décision judiciaire constitue un jalon important : « C’est une décision historique, mais c’est avant tout l’application normale de la loi », a-t-il déclaré à nos confrères de L’Humanité. « Un tir dans une zone vitale, à bout portant, c’est un meurtre. La justice a qualifié les faits comme elle aurait dû le faire dans toute affaire similaire de violence policière. Le cas de Nahel ne doit pas être considéré comme une exception. »

L’avocat du policier mis en cause, Me Laurent-Franck Lienard, a quant à lui annoncé à l’AFP son avoir fait appel de la décision en arguant le fait que son tir « était légitime ». Celui-ci réfute la qualification de meurtre.

La mère de Nahel, représentée par Me Berton, accueille cette nouvelle avec « soulagement », bien qu’elle reste prudente. « Elle avance étape par étape. Dans ce type d’affaire, les familles de victimes doivent souvent se battre contre l’institution. Elle espère aujourd’hui être pleinement reconnue comme victime par la justice. Ce serait un pas immense. » De son côté, Me Berton dit se préparer à cette étape, tout en estimant qu’« il serait difficile pour la chambre d’instruction d’annuler une décision aussi solidement étayée par les expertises ».