Menaces en ligne contre la magistrate ayant condamné Nicolas Sarkozy, une vingtaine de formes de propos haineux recensées

Laure Beccuau, procureure de Paris, a annoncé mardi l’ouverture d’enquêtes portant sur 24 types de propos haineux apparus après la condamnation de Nicolas Sarkozy. Ces messages, publiés sur les réseaux sociaux, visent directement la présidente du tribunal correctionnel qui a prononcé le jugement.

Palais de justice à Paris © Laura Paredis / LUPXL
Palais de justice à Paris © Laura Paredis / LUPXL

La procureure a indiqué sur BFMTV que ces enquêtes, déjà lancées vendredi soir, sont diligentées au sein d’un office central compétent sur tout le territoire. Le dessein est de rassembler les procédures et remonter jusqu’aux auteurs des messages haineux, quel que soit leur lieu de résidence. Selon Laure Beccuau, de nombreuses personnes pensent se dissimuler derrière des pseudonymes, mais cette dernière rappelle que « l’anonymat des réseaux sociaux n’existe pas ». En effet, la justice dispose de nombreux moyens pour remontrer vers les blâmables.

La responsable du parquet de Paris décrit un « déchaînement haineux » dirigé contre des magistrats, majoritairement diffusé sur les réseaux sociaux. Elle dénonce des réactions qui relèvent du « spectre zéro de la pensée » et rappelle que les propos menaçants ou injurieux constituent des infractions pénales. Une fois les auteurs identifiés, les dossiers ne seront pas jugés à Paris. Une demande de dépaysement sera formulée afin qu’une autre juridiction assure l’impartialité et le bon aloi des procédures.

Des précédents judiciaires

Ce mécanisme a déjà été appliqué après des menaces visant les juges qui avaient condamné Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité. Le parquet de Bobigny avait alors repris le dossier et, en avril dernier, un internaute de 76 ans a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour outrage et provocation au meurtre. Cette jurisprudence illustre la volonté de la justice d’agir rapidement face aux attaques visant ses magistrats.

Ces menaces surviennent dans le contexte de la condamnation de Nicolas Sarkozy. L’ancien président a écopé jeudi dernier d’une peine de cinq ans d’emprisonnement, dont une partie ferme, pour financement illégal de sa campagne de 2007 à travers des fonds libyens. A peine sorti du tribunal, le tohu-bohu se met en marche. L’intéressé et ses avocats dénoncent un « procès politisé » en jetant en pâture l’« État de droit » et la magistrature.

Ils font notamment écho à une manifestation de magistrat en 2011 a laquelle cette dernière à participé. À ce sujet, Laure Beccuau a souligné que cet élément avait déjà été mentionné dans la presse avant l’audience et que des recours existent pour demander l’écartement d’un juge soupçonné de partialité. Aucun de ces recours n’a été engagé par la défense de l’ancien chef de l’État.

Benjamin Reglat