Depuis plusieurs mois, le vidéaste Aaron qui se présente comme un « journaliste 2.0 sans carte de presse » diffuse sur sa chaîne YouTube une série de vidéos nommée CQFD « Ce Qu’il Faut Dénoncer », dont les extraits sont également diffusés sur la plateforme TikTok. Ces vidéos qu’il décrit comme des « enquêtes » , s’intéressent au fonctionnement d’entreprises notoires et notamment sur les conditions de travail et les pratiques managériales au sein de ces entreprises.
Le cas Fleur & Compagnie
Parmi ses vidéos les plus visionnées, Aaron Attal consacre deux épisodes à Fleur & Compagnie, la marque fondée et gérée par Fleur Fratacci, créatrice de contenus suivie par plus de 1,5 million d’abonnés sur TikTok. Dans ces vidéos consacrée à l’entreprise, plusieurs anciens employés disent avoir perçu un climat de travail « toxique » et évoquent des manquements présumés au Code du Travail.
Dans une interview accordée à Sam Zirah, Fleur Fratacci déclare avoir été la cible d’une vague de cyberharcèlement après la diffusion des vidéos, ce qui l’a conduite à des pensées suicidaires, la poussant à contacter le numéro national de prévention contre le suicide. Elle reconnaît une gestion maladroite, notamment liée à son jeune âge, une confusion entre ses rôles d’amie et d’employeuse, ainsi que de l’absence d’une vraie relation hiérarchique : « J’ai mélangé copinage et management. Je pensais bien faire. ». Cependant, elle conteste fermement les révélations les plus graves en indiquant avoir des preuves, des messages, des fiches de paie et autres documents pour prouver sa bonne foi. Elle reproche à ses anciennes collaboratrices d’avoir privilégié le tribunal médiatique plutôt qu’un recours auprès du Conseil de prud’hommes.
Une action en justice intentée
Face à la médiatisation des accusations formulées à son encontre, Fleur Fratacci a lancé une procédure judiciaire à l’encontre de Aaron Attal, par le biais d’une citation directe, un dispositif qui permet à une personne s’estimant lésée de saisir directement le tribunal correctionnel. Le dossier de 32 pages déposé en mai 2025 évoque des faits de diffamation et de harcèlement, et réclame des dommages et intérêts. Dans le droit français de la presse, la prescription étant de trois mois, une première audience dite « de relais » s’est tenue le 18 juin 2025 au tribunal correctionnel de Nice.
Contacté, Me Tom Michel, avocat de Fleur Fratacci, nous indique que « Madame Fleur Fratacci a bien saisi la justice, notamment pour diffamation et harcèlement. » De son côté, Aaron Attal, qui reste présumé innocent des faits qui lui sont repprochés, n’a pas donné suite à nos sollicitations. Il a toutefois mentionné dans une vidéo TikTok faire l’objet d’un procès, sans révéler l’identité de la personne qui l’attaque en justice. Il a déclaré : « Je comprends cette personne. Elle a eu raison de me poursuivre, c’est son droit le plus strict. »
Pour l’heure, aucune décision judiciaire sur le fond n’a été rendue.
ⓘ Note sur les articles judiciaires
Conformément à l’article 9-1 du Code civil, toute personne mise en cause bénéficie de la présomption d’innocence tant qu’elle n’a pas été jugée coupable par une décision de justice définitive. Cet article s’inscrit dans une démarche d’intérêt général visant à informer sur une affaire en cours, dans le respect du contradictoire et des droits de chacune des parties.