Le siège du RN perquisitionné dans le cadre d’une enquête sur des prêts accordés par des particuliers

Le siège du parti d'extrême droite Rassemblement national a été perquisitionné ce mercredi matin par la Brigade financière, dans le cadre d’une enquête sur des prêts accordés au parti par des particuliers.

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« Depuis 8h50, une vingtaine de policiers armés et en gilets pare-balles, accompagnés de deux juges d’instruction, perquisitionnent le siège du RN », a annoncé Jordan Bardella ce mercredi matin sur le réseau X. L’opération vise, selon le parquet de Paris, une information judiciaire ouverte en juillet 2024, à la suite d’un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

Selon une source proche du dossier, l’enquête porte sur des prêts accordés par des particuliers, notamment des militants fortunés, au RN ou à ses candidats, en particulier pour les campagnes présidentielle et législative de 2022, ainsi que celle des européennes de 2024. Des soupçons d’escroquerie, de surfacturations ou de prestations fictives intégrées aux demandes de remboursement public sont évoqués.

Le parquet précise qu’aucune personne physique ou morale n’est pour l’instant mise en examen. Des perquisitions ont également été menées dans plusieurs sociétés et aux domiciles de leurs dirigeants. « L’information judiciaire doit déterminer si ces prêts ont servi à contourner les règles de financement électoral, ce qui constituerait une infraction au code électoral », indique le parquet.

Le parti champion des prêts privés

Si les prêts de particuliers sont autorisés sous conditions, le RN en est de loin le principal utilisateur. En 2021, le parti de Marine Le Pen a contracté 613 prêts sur les 764 enregistrés tous partis confondus. En 2022, il en contractait encore 425, puis 96 en 2023.

Au total, le RN affichait fin 2023 plus de 20 millions d’euros d’encours à rembourser auprès de personnes physiques, certains prêts datant de 2007. « S’ils ne sont pas remboursés, ce sont des dons déguisés », alertait la semaine dernière Christian Charpy, président de la CNCCFP.

Dans une série de messages publiés sur X, Jordan Bardella dénonce une opération « spectaculaire et inédite », bien que les perquisitions des partis politiques n’ont rien d’inédit. Il affirme que « l’ensemble des documents comptables et électoraux du parti ont été saisis », et qualifie la procédure d’« atteinte grave au pluralisme ». « Jamais un parti d’opposition n’a été ainsi ciblé sous la Ve République », fustige-t-il, accusant les autorités de chercher à « offrir un spectacle aux chaînes d’information ».