Huit ans après l’effondrement Rue d’Aubagne à Marseille, la justice s’apprête à rendre son verdict

Ce lundi 7 juillet, le tribunal correctionnel de Marseille (Provence-Alpes-Côte d'Azur) rend son jugement dans l’affaire de l’effondrement des immeubles du 63 et du 65 rue d’Aubagne. Huit personnes étaient mortes dans la catastrophe survenue le 5 novembre 2018.

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Aux alentours de 9 heures du matin à Marseille, les immeubles vétustes situés aux numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne au coeur du quartier de Noailles se sont écroulés, laissant sous les décombres huit habitants dont les corps ont été retrouvés dans les jours qui suivent, tandis qu’un troisième immeuble, le numéro 67, s’affaissait partiellement pendant les opérations de sécurisation. Ces bâtiments, anciens et fragiles, avaient déjà fait l’objet de plusieurs arrêtés de péril, sans qu’aucune mesure définitive de mise à l’abri ne soit appliquée pour les locataires du 65, occupé au moment du drame.

La violence de l’effondrement a figé la ville de Marseille dont les logements sont confrontés en nombre à l’insalubrité. Les prénoms des victimes Ouloume, Julien, Taher, Chérif, Fabien, Simona, Pape et Marie-Emmanuelle, sont devenus les symbole de tout un quartier frappé par l’horreur.

La fin d’un épilogue judiciaire de huit années

Huit ans plus tard, après une enquête dense et parfois contestée, seize prévenus ont comparu à l’automne dernier pendant six semaines devant le tribunal correctionnel de Marseille, dont quatre personnes physiques et deux personnes morales renvoyées à l’issue de l’instruction. Parmi les prévenus, on retrouve Julien Ruas, ancien adjoint à la sécurité de la mairie, Richard Carta, architecte-expert ayant inspecté l’immeuble trois semaines avant le drame, ainsi que Xavier Cachard, copropriétaire du 65 et avocat du syndic, également poursuivi.

Le cabinet Liautard, syndic de l’immeuble, et le bailleur social Marseille Habitat, propriétaire du 63, sont également mis en cause. Tous sont poursuivis pour homicides involontaires et mise en danger d’autrui. Plusieurs accusés contestent fermement les charges. Les débats, très techniques, ont porté sur la vétusté du bâti, la connaissance des risques et l’absence de mesures de sauvegarde suffisantes.

L’attente d’une justice à la hauteur après de lourdes réquisitions

À Noailles, comme ailleurs dans la ville, l’attente reste forte. Pendant les réquisitions, le procureur Michel Sastre a estimé que la majorité des prévenus portaient une part de responsabilité dans la catastrophe. Il a requis cinq ans de prison, dont trois fermes, contre Xavier Cachard, accusé d’avoir retardé les travaux tout en connaissant les dangers ; trois ans, dont deux fermes, contre l’architecte Richard Carta pour ne pas avoir ordonné d’évacuation ; et trois ans contre Julien Ruas, seul élu municipal poursuivi dans ce dossier. Les personnes morales encourent également de lourdes amendes et des interdictions professionnelles. Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, évoquant soit une méconnaissance des risques réels, soit une responsabilité collective diluée dans une chaîne de décisions et d’alertes restée inopérante.

Le tribunal correctionnel rend son jugement ce lundi. Pour les familles, ce verdict clôt un cycle judiciaire long et douloureux. Il devra déterminer si les prévenus ont failli à leurs responsabilités, ou si, comme certains le soutiennent, l’effondrement était le résultat d’un système trop complexe, avec trop de silences, de délais, de renvois de responsabilités.