Gérard Depardieu attaque « Complément d’Enquête » pour un montage, les journalistes rejettent toute falsification

Lors d’une audience jeudi, la défense de Gérard Depardieu a dénoncé le montage d’un reportage diffusé en décembre 2023 par Complément d’Enquête. Selon l’avocat, les journalistes auraient volontairement construit une séquence trompeuse pour nuire à l’acteur, tandis que la production de l’émission défend un montage fidèle et « honnête ».

Gérard Depardieu en mars 2022 © Facebook / DR
Gérard Depardieu en mars 2022 © Facebook / DR

L’oralité des débats s’est concentré sur quelques secondes extraites d’un documentaire de 54 minutes intitulé La chute de l’ogre, produit par Hikari et diffusé sur France 2. Ces images, tournées lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018, montrent Gérard Depardieu tenant des propos à caractère sexuel au moment où une fillette apparaît en premier plan à l’écran.

Pour l’avocat de Gérard Depardieu, Jérémie Assous, ces propos visaient en réalité une adulte qui ne figure pas dans le champ de la caméra. Le choix du montage aurait donc, selon lui, orienté la perception du spectateur. La défense parle d’une « déloyauté absolue », évoquant un montage « truqué et tronqué » destiné à faire croire que l’acteur s’adressait à une enfant. L’’impact de ce passage a eu un « effet atomique » sur son client, indique son avocat.

Les journalistes rejettent toute falsification

Face à ces accusations, le présentateur de l’émission, Tristan Waleckx, répond que Gérard Depardieu « s’est tué lui-même en se laissant filmer ». Selon lui, les images montrent un comportement déjà décrit par plusieurs femmes qui témoignent dans le reportage. Le producteur Anthony Dufour estime que le montage respecte la réalité et dessine le portrait d’un homme obsédé par la sexualité. L’avocat de Hikari, Emmanuel Tordjman, va plus loin en rejetant la thèse selon laquelle ces propos auraient été prononcés dans le cadre d’un projet de fiction : « C’était quoi son rôle ? », lance-t-il avec ironie. Par la voix de son avocate, Juliette Félix, le groupe audiovisuel public affirme qu’« aucun trucage ni montage frauduleux » n’a été réalisé. Les auteurs du reportage défendent la véracité des images et estiment que les propos visaient bien l’enfant visible à l’écran. Pour conforter leur position, la séquence contestée a été authentifiée par huissier, une démarche rare dans ce type d’affaire, qui selon France Télévisions ne laisse place à aucune ambiguïté.

La défense réclame la remise de l’intégralité des images tournées, arguant qu’elles permettraient de rétablir le contexte. France Télévisions refuse, invoquant le secret des sources journalistiques, qui est garanti par la loi. Pour Me Assous, ce refus traduit une volonté de cacher des éléments ; pour l’avocat d’Hikari, Christophe Bigot, il s’agit au contraire d’une accusation infondée relevant d’une « rhétorique complotiste ».

L’émission ne s’est pas limitée à cette séquence. Plusieurs femmes y rapportent des agressions sexuelles, dont l’actrice Charlotte Arnould qui accuse Gérard Depardieu de l’avoir violée en 2018.
Le documentaire avait provoqué une forte onde de choc, jusqu’à l’Élysée. Emmanuel Macron avait alors défendu l’acteur, exprimant son admiration et laissant entendre que les images avaient pu être manipulées. L’avocat de Gérard Depardieu cite désormais ce soutien comme argument, estimant que « le président est mieux informé que d’autres ». La ministre de la Culture de l’époque, Rima Abdul Malak, avait déclaré que l’acteur faisait « honte à la France ».

Procédures judiciaires en cours

Sur le plan judiciaire, Gérard Depardieu a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour des agressions sexuelles commises lors d’un tournage, une décision contre laquelle il a fait appel. Il doit également comparaître devant la cour criminelle de Paris pour répondre aux accusations de viols portées par Charlotte Arnould, affaire dans laquelle il est mis en examen depuis 2020.

La prochaine audience est fixée au 24 octobre. Elle portera sur la plainte en retour de la société Hikari, qui accuse Gérard Depardieu et Yann Moix de dénonciation calomnieuse, de fausse attestation et de tentative d’escroquerie au jugement.