C’est une peine extrêmement rare en France, la plus lourde prévue par le Code pénal, qui est tombé ce lundi soir. Michaël Chiolo, 33 ans, a été condamné ce lundi à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible par la Cour d’assises spéciale de Paris.
Radicalisé en détention, ancien sympathisant néonazi devenu partisan du groupe État islamique, ce Mosellan a poignardé, avec l’aide de sa compagne Hanane Aboulhana, deux surveillants pénitentiaires le 5 mars 2019. Le couple, armé de couteaux en céramique, s’était ensuite retranché près de dix heures dans une unité familiale de la prison, avant que les forces d’intervention ne donnent l’assaut. Hanane Aboulhana, 34 ans, avait été tuée, Michaël Chiolo blessé.
Il assume son geste
Tout au long de son procès, il a assumé son geste, revendiqué sa haine du système carcéral, et multiplié les provocations. Il avait même déclaré « approuver de A à Z » les crimes de l’organisation terroriste. Mais, au moment de s’exprimer avant le délibéré, il a préféré se taire, évoquant « les excellentes plaidoiries de (ses) avocats ». Son avocat, Me Romain Ruiz, avait pourtant lancé un ultime appel à la cour « Ne remplacez pas la peine de mort par la mort lente », dénonçant une « abominable substitution ». Il avait interrogé les magistrats : « Allez-vous juger Michaël Chiolo comme un criminel ou comme un ennemi ? »
À ce jour, seuls deux autres hommes purgent une peine similaire : Salah Abdeslam, impliqué dans les attentats du 13 novembre 2015, et Brahim Aouissaoui, responsable de l’attaque de la basilique de Nice en 2020.
Abdelaziz Fahd condamné à la perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 30 ans
Dans le même dossier, Abdelaziz Fahd, 39 ans, poursuivi pour complicité de tentative d’assassinat, a été condamné lui aussi à la perpétuité, assortie d’une période de sûreté de trente ans. Il a toujours nié son implication, affirmant ce lundi encore : « Je suis étranger aux faits… Je me considère comme innocent. »
La cour, elle, a estimé qu’il avait joué un rôle déterminant, allant jusqu’à le qualifier d’« instigateur » de l’attaque.
Un autre accusé, jugé en son absence car en fuite en Tunisie, ainsi que deux autres prévenus présents à l’audience, sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. Le parquet a requis contre eux des peines de 15 à 20 ans de réclusion, accompagnées de périodes de sûreté couvrant les deux tiers de la peine. Leurs avocats ont, pour chacun, plaidé l’acquittement.
