Le 30 juin 2025, Sylvaine Grévin, sœur de la défunte, a annoncé le renvoi devant le Conseil de discipline d’une magistrate chargée de l’information judiciaire. Ce renvoi intervient à la suite d’une plainte déposée en juillet 2024. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), saisi contre le procureur et la juge, n’a retenu que les manquements reprochés à cette dernière.
L’affaire débute le 4 avril 2017, à Pont-Sainte-Maxence (Oise), avec la découverte du corps de Bénédicte Belair. L’enquête initiale a privilégié la thèse d’un accident, en dépit de faits signalant des violences conjugales. Présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicides, Sylvaine Grévin dénonce une enquête incomplète, une mauvaise orientation du dossier, et la perte de preuves matérielles.
Des griefs jugés suffisamment graves par le CSM
Dans sa décision, la commission d’admission des requêtes souligne deux éléments : d’une part, la manière dont la partie civile a été interrogée, d’autre part, l’exhumation du corps de la victime en 2020 sans information préalable donnée à la famille. Ces éléments, combinés, ont mené à un constat possible de manquement à « l’obligation de délicatesse ».
Sylvaine Grévin décrit un interrogatoire vécu comme brutal. Elle évoque aussi le traumatisme ressenti après avoir appris l’exhumation postérieurement, sans qu’elle n’ait été consultée. Ces conditions ont nourri sa démarche auprès du CSM.
La destruction de scellés sous information judiciaire figure au cœur des reproches. Pour ce point, la justice a déjà reconnu une faute de l’État, condamné en mai 2021 pour manquement grave. L’avocat de la famille, Me Olivier Morice, qualifie la décision du CSM de « rare ».
Des avancées judiciaires dans un dossier longtemps figé
Le compagnon de Bénédicte Belair, longtemps écarté du champ judiciaire, a été mis en examen en janvier 2023. Les faits retenus concernent des violences aggravées commises entre 2015 et 2017. L’homme bénéficie d’un statut de témoin assisté pour des faits de meurtre, qui restent à ce jour non qualifiés pénalement.
En parallèle, un gendarme, chargé de la première phase de l’enquête, a été mis en examen pour faux en écriture publique. Un autre, intervenu peu avant le décès, a fait l’objet d’une plainte pour non-assistance à personne en danger. Cette plainte a été classée sans suite récemment.