Suppression des ZFE : la mairie de Paris s’oppose fermement à la décision des députés

Alors que l’Assemblée nationale a voté, mercredi 29 mai, la suppression des Zones à faibles émissions (ZFE) dans le cadre du projet de loi de simplification, la mairie de Paris exprime son désaccord total.

Lecture 4 min.
Illustration. Voitures sur l'autoroute © Mavera zehra Çoşkun
Illustration. Voitures sur l'autoroute © Mavera zehra Çoşkun

La décision est tombée mercredi 29 mai. L’Assemblée nationale a voté la suppression des Zones à faibles émissions (ZFE), dans le cadre du projet de loi de simplification. Ces zones visaient à limiter la circulation des véhicules les plus polluants dans les grandes villes. Dès le lendemain, la mairie de Paris a réagi. Elle demande leur réintégration. Pour elle, ces dispositifs sont essentiels. Ils protègent la santé des habitants. Ils participent à la lutte contre la pollution. Ils répondent à « l’urgence climatique ».

Une mesure abolie dans un texte législatif transversal

Les députés ont adopté un amendement. Il supprime les ZFE. Cette décision a été prise dans le cadre d’un texte plus large, axé sur la simplification des normes. Créées en 2019, les ZFE s’appuyaient sur un système de vignettes Crit’Air. Elles excluaient progressivement les véhicules anciens, classés Crit’Air 3 ou plus, selon les villes. L’objectif était de réduire les émissions de particules fines.

À Paris, mais aussi à Lyon, Marseille ou Grenoble, les ZFE structuraient la politique de mobilité. Elles imposaient des contraintes, mais permettaient des résultats mesurables. Aujourd’hui, ce dispositif est suspendu. La suppression est actée. Le débat, lui, est relancé.

La mairie de Paris s’insurge face à cette suppression

Jeudi 30 mai, la mairie a publié un communiqué. Elle dénonce un recul. Elle interpelle le gouvernement. Elle demande le rétablissement immédiat des ZFE. Les arguments sont clairs. À Paris, la pollution de l’air provoque plus de 8 000 décès prématurés chaque année. Pour la municipalité, supprimer les ZFE revient à ignorer cette réalité.

Elle accuse : « Ce choix revient à affaiblir les villes engagées. Il envoie un signal de retrait. » Et elle prévient : « Ce n’est pas seulement une erreur politique. C’est un danger pour la santé. » La mairie rappelle aussi ses efforts. Depuis vingt ans, la pollution a été divisée par deux. Elle y voit le fruit d’une politique active. Réduction de la voiture, développement des transports propres, soutien au vélo : les ZFE faisaient partie de cette stratégie.

Un équilibre difficile entre écologie et contraintes sociales

Certains élus soutiennent la suppression. Ils avancent des arguments sociaux. Beaucoup de ménages, notamment en banlieue, utilisent encore des véhicules anciens. Les remplacer coûte cher. Et les transports en commun ne sont pas toujours adaptés.

Le débat se tend. Entre urgence écologique et justice sociale, les choix sont complexes. Mais les opposants à la suppression soulignent un point : le droit à un air sain ne peut être différé.

La France a déjà été condamnée pour ses dépassements persistants de pollution. En mars 2024, la Cour de justice de l’Union européenne a rappelé à l’ordre l’État français. Le respect des seuils de qualité de l’air est une obligation. Pas une option.

Quelle suite possible pour les ZFE ?

Le texte doit encore passer au Sénat. Il peut être modifié. Certains sénateurs envisagent de réintroduire les ZFE sous une autre forme.

Le gouvernement, lui, reste silencieux pour l’instant. Mais les grandes villes, Paris en tête, maintiennent la pression. Elles demandent un signal fort. Une clarification. Et surtout, une continuité dans les engagements climatiques.