Shein signalé à la justice pour la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine

À quelques jours de l’ouverture de son premier magasin permanent à Paris, Shein fait l’objet d’un signalement judiciaire. La Répression des fraudes a transmis au parquet des éléments concernant la présence, sur la plateforme, de poupées sexuelles présentant des traits enfantins. Le géant du commerce en ligne affirme avoir retiré ces articles dès leur découverte.

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La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a indiqué avoir repéré sur le site de Shein plusieurs références de poupées sexuelles évoquant des enfants. L’administration souligne que la description de ces objets, associée à leur catégorisation, ne laissait que peu de place au doute sur leur nature illicite. Après vérification, les services ont transmis le dossier « immédiatement » au procureur de la République et informé l’Arcom, régulateur chargé notamment de la protection des mineurs en ligne.

Selon une source au ministère de l’Économie, l’affaire est désormais entre les mains du parquet de Paris. Sur les réseaux sociaux, le ministre du Commerce, Serge Papin, a rappelé que l’État entendait « protéger les Françaises et les Français » sans relâche. Le Parisien a diffusé la photo de l’un de ces articles : une poupée d’environ 80 centimètres, dotée de traits enfantins et tenant un ours en peluche, accompagnée d’un descriptif à caractère sexuel. Des commentaires d’acheteurs étaient également visibles, ce qui a suscité l’indignation de la porte-parole de la DGCCRF, Alice Vilcot-Dutarte. L’administration indique avoir demandé à la plateforme de mettre en œuvre rapidement des mesures correctives, comprenant le retrait des produits concernés et la suppression de la catégorie associée.

Shein affirme une « tolérance zéro »

Dans une réponse transmise à l’AFP et relayé par de nombreux médias, Shein assure avoir retiré les articles en question dès qu’elle en a été informée. L’entreprise évoque une « politique de tolérance zéro » sur ce type de contenus et précise qu’une enquête interne est en cours afin de comprendre comment ces annonces ont pu contourner ses mécanismes de contrôle. Une révision plus large des listings mis en ligne par les vendeurs tiers est également engagée.

La DGCCRF signale par ailleurs l’absence de dispositifs de filtrage empêchant efficacement les mineurs d’accéder aux contenus mettant en avant des poupées sexuelles d’apparence adulte.

Shein, qui s’est imposé en France depuis 2015 comme un acteur majeur de la fast-fashion, est déjà visé par plusieurs critiques. Parmi elles figurent des accusations de concurrence déloyale, de plagiat, des alertes concernant l’impact environnemental de son modèle économique et des interrogations sur les conditions de travail dans sa chaîne de production. Cette année, le groupe a écopé de trois amendes, pour un total de 191 millions d’euros, liées notamment à des promotions trompeuses, au non-respect de la législation sur les cookies publicitaires et à l’absence d’information sur la présence de microfibres plastiques dans ses produits.

Une ouverture de magasin qui provoque des réactions

Malgré ces controverses, Shein prévoit d’inaugurer mercredi son premier magasin physique durable à Paris, au BHV, dans un espace de plus de 1 000 m². L’enseigne doit également s’implanter prochainement dans plusieurs villes — Dijon, Reims, Grenoble, Angers et Limoges — en partenariat avec la Société des Grands Magasins (SGM). Cette collaboration a déjà conduit certaines marques françaises à quitter le BHV.

La DGCCRF rappelle que la diffusion de représentations à caractère pédopornographique est passible de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 euros d’amende, tandis que l’absence de filtrage adapté expose les acteurs concernés à trois ans de prison et 75 000 euros d’amende.