Scandale de corruption 1MDB en Malaisie : l’ancien Premier ministre Najib Razak reconnu coupable d’abus de pouvoir et de blanchiment

Déjà incarcéré, l’ancien Premier ministre malaisien Najib Razak a été reconnu coupable vendredi d’abus de pouvoir et de blanchiment d’argent dans l’affaire du fonds souverain 1MDB. Le verdic a été rendu par la Haute Cour de Kuala Lumpur.

© Government of Malaysia

L’audience s’est ouverte vendredi matin à Putrajaya, capitale administrative de la Malaisie, devant la Haute Cour. Après examen du dossier, le juge Collin Lawrence Sequerah a déclaré Najib Razak coupable de quatre chefs d’accusation d’abus de pouvoir et de 21 chefs d’accusation de blanchiment d’argent. La décision est intervenue après le rejet des arguments de la défense, qui soutenait que les fonds versés sur le compte personnel de l’ancien Premier ministre provenaient de dons du Moyen-Orient.

Dans son jugement, le magistrat a estimé que l’accusation avait apporté la preuve de la culpabilité de l’accusé au-delà de tout doute raisonnable. La lecture du verdict a été interrompue pour la prière du vendredi, avant de reprendre dans l’après-midi, moment auquel la culpabilité a été confirmée pour l’ensemble des chefs retenus. La date du prononcé de la peine n’était pas connue à l’issue de l’audience.

Des sommes détournées issues du fonds souverain 1MDB

Au cœur de ce procès figurent des pots-de-vin présumés d’un montant total d’environ 2,28 milliards de ringgits, soit près de 554 millions de dollars, en provenance du fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB). Créé pour soutenir le développement économique du pays, 1MDB a été progressivement vidé de ressources destinées à des usages privés.

Selon les éléments présentés par l’accusation, une partie des fonds détournés aurait servi à financer des dépenses personnelles, notamment l’acquisition d’un yacht de grande taille et d’œuvres d’art de peintres reconnus comme Monet et Van Gogh. L’ampleur des montants et la complexité des circuits financiers ont entraîné l’ouverture d’enquêtes dans plusieurs pays, dont les États-Unis, la Suisse et Singapour.

Un ancien chef de gouvernement déjà condamné

Najib Razak, âgé de 72 ans, a dirigé la Malaisie de 2009 à 2018. Il purge actuellement une peine de six ans de prison, prononcée dans une autre affaire liée au scandale 1MDB. Cette nouvelle condamnation alourdit son bilan judiciaire et pourrait se traduire par une peine supplémentaire significative, chaque chef d’abus de pouvoir étant passible d’une peine pouvant atteindre vingt ans de prison, assortie d’amendes élevées.

Fils de l’un des pères fondateurs de la Malaisie, l’ancien Premier ministre a présenté des excuses publiques pour le scandale survenu durant son mandat. Il continue toutefois d’affirmer qu’il n’avait pas connaissance des transferts illégaux opérés depuis le fonds souverain, aujourd’hui dissous.

Le rôle de Jho Low au centre des débats

Au cours du procès, le parquet a appuyé son argumentation sur des relevés bancaires, des documents comptables et les témoignages de plus de cinquante personnes. Les procureurs ont soutenu que Najib Razak avait utilisé ses fonctions de Premier ministre, de ministre des Finances et de président du conseil consultatif de 1MDB pour faciliter le transfert de fonds vers ses comptes personnels.

L’homme d’affaires Jho Low, considéré comme l’architecte principal du détournement du fonds, a occupé une place centrale dans les débats. En fuite, il a été décrit par le juge comme ayant agi en qualité d’intermédiaire ou de représentant de Najib Razak dans la gestion des affaires de 1MDB. La défense a, pour sa part, affirmé que l’ancien chef du gouvernement ignorait les liens étroits entre Jho Low et la direction du fonds.