Procès de l’affaire Nadège Desnoix : trente ans après le meurtre, l’accusé face à la justice

Trente ans après le meurtre de Nadège Desnoix, lycéenne de 17 ans tuée en 1994 à Château-Thierry, le procès de Pascal Lafolie, confondu par son ADN, s’ouvre ce lundi devant la cour d’assises de l’Aisne.

Palais de Justice en France (illustration) © DÉCHIFFREUR / LF
Palais de Justice en France (illustration) © DÉCHIFFREUR / LF

Au printemps 1994, le corps de Nadège Desnoix est découvert sur un chemin menant au lycée où elle était scolarisée. La jeune fille a été frappée de plusieurs coups de couteau. L’autopsie ne révèle pas de traces d’agression sexuelle, et les enquêteurs se heurtent rapidement à une absence de suspects.

Durant les années qui suivent, plusieurs pistes sont explorées. Certaines mènent vers des inconnus de passage, d’autres interrogent l’entourage de la victime. Même l’ombre du tueur en série Michel Fourniret plane sur le dossier. Mais aucune hypothèse ne s’impose, et le dossier reste ouvert, sans avancée décisive.

Le rôle décisif des analyses génétiques et de l’ADN

Ce n’est qu’en 2021 que l’affaire connaît un rebondissement. Des analyses génétiques réalisées sur des scellés permettent d’identifier l’ADN de Pascal Lafolie, alors âgé de 58 ans. Cet ADN avait été collecté dans le cadre d’une procédure pour violences conjugales. Les experts établissent qu’il correspond à celui retrouvé sur le chouchou de la victime, un élément que Nadège portait dans ses cheveux au moment de son décès. L’homme, déjà condamné par le passé pour viols et agressions sexuelles, est interpellé et placé en garde à vue.

Lors de ses premières auditions, Pascal Lafolie admet avoir rencontré la jeune fille et fait des aveux partiels. Il évoque un enchaînement qui aurait, selon lui, conduit au drame. Mais très vite, il se rétracte et affirme ne pas être l’auteur du meurtre. Aujourd’hui encore, il maintient cette ligne de défense. Il reconnaît avoir été présent sur les lieux avec son frère, décédé depuis, mais explique souffrir de « trous de mémoire ». Il affirme que cette amnésie serait la conséquence de coups reçus lors d’une altercation avec ce dernier. Les enquêteurs, après examen, ont écarté l’implication du frère et considèrent cette version comme peu crédible.

Trois jours d’audience devant les assises de l’Aisne

Pour la mère de Nadège, représentée par Me Arnaud Miel, l’ouverture du procès relève d’un soulagement. « C’est un miracle qu’on en soit là », confiait récemment l’avocat, soulignant l’importance de ce procès pour la famille.

L’avocat des frères et de la sœur de la victime, Me Gérard Chemla, estime pour sa part que l’accusé s’est enfermé dans une logique de défense sans fondement. Selon lui, la vérité ne viendra pas de la bouche de l’accusé, mais les débats doivent malgré tout permettre à la famille d’obtenir une reconnaissance judiciaire attendue depuis trois décennies.

Le procès doit se tenir jusqu’à mercredi. La cour d’assises décidera si Pascal Lafolie est coupable du meurtre de Nadège Desnoix. En cas de condamnation, il encourt jusqu’à trente ans de réclusion criminelle.