Naufrage de migrants au large du Yémen : au moins 68 morts et des dizaines de disparus

Une embarcation transportant des migrants, principalement d’origine éthiopienne, a sombré au large des côtes sud du Yémen. L’Organisation internationale pour les migrations a confirmé lundi 4 août un bilan d’au moins 68 morts, tandis que des dizaines de personnes restent portées disparues. Les opérations de recherche sont toujours en cours.

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Illustration. Aden, Aden ili, Yemen, en juillet 2024 © YUKSEL OZDEMIR
Illustration. Aden, Aden ili, Yemen, en juillet 2024 © YUKSEL OZDEMIR

Dans la nuit du dimanche au lundi 4 août, une embarcation partie de la Corne de l’Afrique a chaviré au large d’Abyan, dans le sud du Yémen. Sur les 157 passagers recensés, seuls 12 ont pu être secourus, selon le bureau de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) basé au Yémen. Le chef de mission de l’agence onusienne, Abdusattor Esoev, a précisé que les autres passagers étaient portés disparus ou déjà confirmés morts.

Dès dimanche, les forces de sécurité de la province avaient annoncé la découverte d’au moins 27 corps et engagé une vaste opération de récupération en mer, sur une côte régulièrement utilisée par des passeurs pour débarquer des migrants. La plupart des victimes venaient d’Éthiopie, selon les services de sécurité locaux.

Des routes migratoires actives malgré le conflit

Bien que le Yémen soit ravagé par un conflit armé depuis 2014, le pays reste un point de transit important pour les migrants venus de la Corne de l’Afrique. Ces derniers, souvent originaires d’Éthiopie, traversent la mer Rouge depuis Djibouti pour tenter de rejoindre les pays du Golfe, en quête de travail. Ce trajet, connu sous le nom de « route orientale », est considéré comme l’un des plus dangereux au monde.

Les migrants, livrés à des passeurs sans scrupules, paient leur passage sans garantie d’arriver vivants à destination. Au cours de leur périple, ils affrontent des conditions climatiques extrêmes, le manque d’eau potable, la surcharge des embarcations, et parfois même des actes de violence ou des abandons en pleine mer.

Un drame qui s’ajoute à une série noire

Ce naufrage n’est pas un cas isolé. L’OIM rappelle que sur cette route maritime elles sont fréquentes et souvent sous-estimées. En juillet, huit migrants sont morts et 22 autres ont été portés disparus après avoir été jetés à l’eau par des passeurs en mer Rouge. Les survivants de ces traversées décrivent des scènes de panique, de coups, et d’abandons en pleine mer.

En 2024, au moins 558 migrants ont perdu la vie sur cette route, selon l’OIM. La majorité de ces décès (462) sont dus à des naufrages. Et pourtant, des milliers de personnes continuent de s’y engager, repoussées par les crises internes de leurs pays d’origine, et attirées par la promesse incertaine d’un avenir meilleur.

L’OIM estime que plusieurs dizaines de milliers de personnes sont actuellement coincées sur le territoire yéménite, sans ressources, sans statut légal, et exposées à des abus : détention arbitraire, violences sexuelles, extorsions. L’insécurité persistante rend leur situation encore plus précaire, tandis que l’aide humanitaire reste limitée.