LVMH : La Samaritaine condamnée à 100 000 euros d’amende pour avoir dissimulé des caméras dans des détecteurs de fumée

Installer des caméras dissimulées pour surveiller ses employés sans les en informer est illégal en France. La Samaritaine, grand magasin parisien détenu par le groupe LVMH, vient d'être condamnée par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) à une amende de 100 000 euros pour avoir mis en place un dispositif de surveillance clandestin dans ses réserves.

© DAVID KOUAKOU / PXL

En novembre 2023, Mediapart révélait que cinq caméras avaient été installées au sous-sol du magasin, dans des détecteurs de fumée factices. L’installation, réalisée en août de la même année par un sous-traitant, avait été supervisée par un cadre de la sécurité. Ces caméras captaient non seulement les images mais également le son, sans que les salariés ni leurs représentants n’en soient dument informés. Ce dispositif n’a été découvert qu’après que des employés ont identifié les caméras cachées. Elles ont été retirées en septembre 2023.

Une amende de 100 000 euros

Saisie après la publication de l’enquête, la CNIL a effectué un contrôle cinq jours plus tard dans les locaux. Dans sa décision rendue le 18 septembre 2025, elle constate « l’utilisation de caméras prenant l’apparence de détecteurs de fumée, permettant de surcroît l’enregistrement du son, a porté atteinte aux libertés et droits fondamentaux des salariés. » La commission a rejeté l’argument avancé par la société Samaritaine SAS, selon lequel il s’agissait d’un simple « test » destiné à pallier les angles morts des caméras existantes, estimant que les images avaient bien vocation à être exploitées.

L’institution reproche également à l’entreprise d’avoir mis en place un dispositif susceptible de tromper les salariés, de ne pas avoir documenté l’installation, réalisée à l’oral, sans trace écrite, et de surcroit ne pas avoir associé la déléguée à la protection des données, qui aurait alerté sur l’illégalité de la démarche. La CNIL a jugé que la collecte d’images et de sons n’était ni adéquate, ni proportionnée à l’objectif affiché de prévention des vols.

La Samaritaine, grand magasin parisien détenu par le groupe LVMH, vient d’être condamnée par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) à une amende de 100 000 euros pour avoir mis en place un dispositif de surveillance clandestin dans ses réserves.

La défense de LVMH

Lors de l’audience du 3 juillet 2025, l’avocat de DFS (la filiale du groupe LVMH en charge de la Samaritaine jusqu’à début 2025) a reconnu plusieurs « maladresses », tout en contestant la gravité des faits. En 2023 déjà, LVMH avait qualifié les révélations de « fausses » et « contraires aux valeurs » du groupe. La direction avait même tenté de s’opposer à la publicité de la décision, une requête rejetée par la CNIL « au regard de la gravité des manquements ».

Jean-Michel Remande, délégué syndical CGT du magasin cité par Mediapart, a salué la sanction : « Quand on a alerté sur le sujet, on nous a traités d’affabulateurs. La direction niait toute surveillance illégale. Aujourd’hui, la justice a tranché. » Le syndicaliste regrette toutefois que l’amende ne bénéficie pas directement aux salariés : « Ces 100 000 euros auraient pu être investis dans l’amélioration des conditions de travail ou des salaires. ».