Bully-les-Mines (Pas-de-Calais), dimanche 27 juillet 2025. Une mer de bleu et de rouge a déferlé sur les rues de la ville. En ce jour de recueillement, plus de 2000 personnes se sont rassemblées pour participer à une marche blanche en hommage à Mehdi Bassit, vidéaste populaire sur TikTok, suivi par plus de deux millions d’abonnés sous le pseudonyme @medlevrai. Le jeune homme de 32 ans et papa de deux filles a tragiquement mis fin à ses jours il y a quelques jours.
Certains participants ont parcouru deux à trois heures de route pour se joindre à ce moment de solidarité. La famille et les proches de Mehdi étaient présents.
Dans la foule, les messages portés sur les pancartes témoignaient d’une douleur partagée mais aussi d’un besoin d’agir : « Justice pour Mehdi », « En mémoire de Mehdi. Unis pour la paix. Les mots tuent, même derrière un écran », ou encore « On ne t’oubliera jamais ». Sur certains tee-shirts, des slogans sobres mais percutants : « Stop au harcèlement » ou « Merci, à jamais dans nos cœurs ».
Une prise de parole sur le harcèlement et le cyberharcèlement
À l’initiative de ses proches, la marche de recueillement et d’hommage s’est déroulée dans un profond silence, seulement brisé par les sanglots et les mots poignants de ceux qui l’aimaient. Le dress code bleu et rouge, les couleurs de l’Olympique Lyonnais, club de cœur de Mehdi, a été scrupuleusement respecté par les participants.
Devant la foule rassemblée, deux des meilleurs amis de Mehdi, Kévin et Djoulliette, et une de ses soeurs Samira ont pris la parole, la voix nouée par l’émotion. « Je vais commencer par remercier la ville de Bully-les-Mines et Monsieur le Maire qui est à nos côtés depuis le début de ce drame, ainsi que ses équipes qui sont mobilisées pour cet évènement. Mais aussi les amis de Mehdi qui oeuvre depuis plusieurs jours pour que cet évènement soit réussi », a déclaré Samira, sa soeur.
Elle ajoute ensuite : « Et enfin je remercie vous, qui adorez Mehdi comme l’un des vôtre, vous sa communauté qui représentez une place énorme dans sa vie depuis plusieurs années. Il faut le dire avec Mehdi on se s’ennuyait jamais avec un sourire toujours accroché au visage et un coeur grand ouvert. Il était de ses gens rare qui s’avaient transformer une journée ordinaire en un moment mémorable. L’amusette de quartier, de la palce, de centre-aérée. Mais Mehdi était surtout un père aimant, il chérissait ses filles de tout son coeur.»
Mais très vite, les mots ont laissé place à une dénonciation ferme : celle du harcèlement en ligne. « Un acharnement et une pression constante lui était infligée et ce sans répi. Mais chacun d’entre nous comprend ce qu’il vivait. La France entière à compris quel mot était associé à ce mal-être. Je parle évidemment du harcèlement et du cyberharcèlement. Le cyberharcèlement ce ne sont pas juste des mots derrière un écran. Ce sont des insultes répétées, des moqueries partagées, des humiliations publiques. Ce sont Des messages anonymes qui blessent, des commentaires qui détruisent la confiance, des images détournées, des rumeurs qui circulent et des silences qui font mal. Ce n’est pas virtuel, ce n’est pas sans conséquence, c’est réel et grave. Personne ne devrait en souffrir. Derrière chaque écran, il y a un cœur, une vie, une personne qui peut se sentir seule, incomprise et en danger. Aujourd’hui sa mort est un déferlement car Mehdi est connu, mais chaque jour des personnes souffre de ce fléau, il faut que cela cesse. Face au harcèlement sous toutes formes, il est temps de protéger, d’éduquer et de sanctionner. »
Une minute de silence observée
La cérémonie s’est conclue par une minute de silence, suivie d’un lâcher de ballons qui a été le temps fort de cet évènement. Des applaudissement ont également retentis. Des ballons rouges et bleus qui se sont envolés vers le ciel, porteurs de milliers de pensées pour Mehdi.
Ce dimanche, au-delà de la tristesse, un appel. Un appel à la bienveillance. À la prise de conscience. À ce que le mot « harcèlement » ne soit plus un simple hashtag, mais un combat collectif. Les proches de Mehdi espèrent que son histoire fera bouger les choses. Que les plateformes prendront leurs responsabilités. Ils demandent justice.
Déchiffreur avec envoyé spécial à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais)
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