Le 29 juin 2025, le tribunal d’Alger a prononcé une peine de sept ans de prison ferme contre Christophe Gleizes. Le journaliste français, collaborateur de So Foot et Society, était en Algérie pour un reportage sur le football local. Il travaillait sur la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), les dix ans de la mort d’Albert Ebossé, et prévoyait des entretiens avec Patrice Beaumelle et Salah Djebaïli.
La justice algérienne l’a accusé d’apologie du terrorisme et de possession de publications à visée de propagande. Ces charges sont jugées infondées par les défenseurs de la liberté de la presse. Reporters sans frontières (RSF) parle d’une condamnation arbitraire.
Une pétition internationale lancée par RSF
RSF considère que le jugement n’est ni justifié, ni acceptable. Dans un communiqué, Thibaut Bruttin, directeur général de l’association, affirme : “La justice algérienne a manqué une occasion de sortir par le haut. Cette condamnation est vide de sens. Nous demandons la libération immédiate de Christophe Gleizes.”
L’association a mis en ligne une pétition internationale. Elle appelle les autorités algériennes à revenir sur leur décision, et les autorités françaises à engager une action diplomatique rapide. Pour RSF, cette affaire dépasse le cadre individuel : elle concerne la liberté d’informer.
Le journalisme visé
D’après RSF, la peine infligée à Christophe Gleizes est la plus sévère reçue par un journaliste français depuis plus de dix ans. Le dernier cas comparable est celui de Daniel Lainé, condamné en 2010 au Cambodge, puis acquitté quatre ans plus tard. Reporters sans Frontières rappelle que plus de 100 journalistes dans le monde ont été inquiétés après des enquêtes sur le sport. Deux sont encore détenus.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte où les journalistes indépendants sont de plus en plus ciblés. En Algérie comme ailleurs, le pouvoir utilise la justice comme un outil politique. Dans ce cas, le message envoyé est clair : raconter la réalité peut vous coûter votre liberté.
En tant que journaliste, je ne peux rester silencieux. Christophe Gleizes est en prison pour avoir exercé son métier. Il n’a commis aucun crime. Il n’a porté atteinte à aucun État. Il a voulu raconter une histoire vraie, à partir de faits, à partir de témoignages. Et pour cela, on l’a enfermé.
RSF appelle à signer la pétition. Mais au-delà du geste, il faut faire du bruit. Ne pas réagir, c’est accepter. Ce silence serait une erreur. Ce silence ferait le jeu de ceux qui veulent museler la presse. La liberté d’informer n’est pas une faveur, c’est un droit. Et quand elle est attaquée, il faut la défendre, ensemble.