Le journal « Le Parisien », en difficultés économiques, serait courtiser par le milliardaire d’extrême-droite Vincent Bolloré

À quelques jours d’une réorganisation prévue le 15 septembre, la rédaction du Parisien traverse une période d’instabilité rarement vécue dans son histoire. Selon les informations de Challenges, le quotidien du groupe LVMH, déficitaire depuis plusieurs années, attire l’attention de grands investisseurs, au premier rang desquels Vincent Bolloré.

Journal "Le Parisien" (illustration)
Journal « Le Parisien » (illustration) © DECHIFFREUR / LF-AB

Dans les couloirs du journal, l’inquiétude monte. Les départs depuis le début de l’année n’ont pas été remplacés, malgré un engagement de principe de la direction. Au total, 46 journalistes ont quitté le titre alors que le plan prévoyait seulement 29 suppressions de postes. Depuis, plus aucune embauche n’a été annoncée.

La situation est aggravée par le départ en juin de Sophie Gourmelen, ex-directrice générale du quotidien, et par les incertitudes envers Pierre Louette, président du groupe Les Échos-Le Parisien. Ce dernier, pressenti sur le départ, n’a pas clarifié l’avenir du titre. Interrogé lors de la conférence de rentrée de Radio Classique, également détenue par LVMH, il s’est refusé à tout commentaire sur une éventuelle cession, indique Challenges. Le prochain comité social et économique du Parisien, fixé au 16 septembre, devrait être l’occasion pour les représentants du personnel d’obtenir des éclaircissements.

En 2023, la rédaction du Parisien a pointé une « dérive éditoriale » trop favorable à l’exécutif pendant la réforme des retraites. En novembre 2024, l’École Supérieur de Journalisme a annoncé dans un communiqué être reprise par plusieurs propriétaires conservateurs, marqués à droite, voire à l’extrême-droite. Parmi eux, La Financière Agache (propriété de Bernard Arnault, qui possède aussi Le Parisien-Aujourd’hui en France et Les Echos).

La piste Bolloré en tête

Sur le plan économique, Le Parisien a affiché une perte de 33 millions d’euros en 2024 et devrait encore enregistrer un déficit supérieur à 30 millions cette année. Dix ans après son rachat par LVMH, la greffe ne semble pas avoir fonctionné. Si d’autres médias du groupe, comme Les Échos ou Paris Match, connaissent parfois des comptes dans le rouge, aucun ne pèse autant sur l’équilibre financier.

Ces difficultés renforcent l’hypothèse d’une vente. Selon plusieurs sources citées par Challenges, Vincent Bolloré, via Vivendi, a engagé des discussions avec Bernard Arnault. Le milliardaire breton d’extrême-droite, déjà propriétaire de Canal+, CNews, Europe 1, Prisma et du Journal du Dimanche, verrait dans Le Parisien le chaînon manquant de son dispositif médiatique. Il détenait également chaîne C8, dont la fréquence n’a pas été renouvelée par l’Arcom en raison de nombreux manquements à sa convention signée avec le gendarme de l’audiovisuel.

Un temps envisagé, le groupe CMI France de Daniel Kretinsky, déjà propriétaire de Marianne et Elle, aurait étudié le dossier. Mais, toujours selon Challenges, les discussions n’ont pas été approfondies et cette option semble aujourd’hui écartée. Contactés par Challenges, LVMH, Vivendi et CMI France n’ont pas donné suite.