La France et plusieurs pays reconnaissent l’État de Palestine à l’ONU

À l’Assemblée générale des Nations unies à New York, la France et plusieurs États européens ont annoncé la reconnaissance officielle de l’État de Palestine, une décision qui reste avant tout symbolique mais qui vise à relancer la perspective d’une solution à deux États et à accentuer la pression diplomatique sur Israël, alors que le génocide à Gaza continue.

Manifestation de solidarité avec la Palestine à Londres, le 9 août 2025. © GUY HURST/PXL
Manifestation de solidarité avec la Palestine à Londres, le 9 août 2025. © GUY HURST/PXL

La France, accompagnée de la Belgique, du Luxembourg, de Malte, d’Andorre et de Saint-Marin, a officialisé lundi la reconnaissance de l’État palestinien. Cette annonce s’inscrit dans un processus de plusieurs mois, piloté par Emmanuel Macron avec l’appui de l’Arabie saoudite, et débouche sur un sommet consacré à l’avenir d’une coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens. La veille, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal avaient pris la même décision. Au moins 145 des 193 pays membres de l’ONU reconnaissent désormais la Palestine comme État.

Pour Emmanuel Macron, il s’agit d’ouvrir une perspective politique afin d’éviter que les Palestiniens ne soient réduits à considérer le Hamas comme unique horizon. Le président français a insisté sur la nécessité de séparer le projet d’État palestinien de l’organisation islamiste, une condition exigée par plusieurs partenaires occidentaux.

Une reconnaissance surtout symbolique

Sur le plan institutionnel, rien ne change à l’ONU : la Palestine conserve son statut d’observateur, son adhésion à part entière demeurant bloquée par les États-Unis. Mais la reconnaissance portée par plusieurs puissances occidentales traduit une volonté politique, qui s’accompagne d’un sommet international à New York.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, empêché de se rendre aux États-Unis faute de visa, s’est exprimé par vidéo. Il a salué « un pas important et nécessaire » vers une paix durable, même si des diplomates redoutent des mesures de rétorsion de la part d’Israël.

Israël s’oppose fermement à tout État palestinien

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a répété qu’il n’accepterait pas la création d’un État palestinien. Dimanche, il a menacé d’intensifier la colonisation en Cisjordanie, tandis que deux ministres de son gouvernement, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, appelaient à l’annexion pure et simple du territoire.

Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a dénoncé une « annexion insidieuse » et estimé que la communauté internationale ne devait pas céder face aux risques de représailles. Pour lui, la guerre à Gaza et la poursuite de la colonisation appellent au contraire à redoubler d’efforts diplomatiques.

Les États-Unis, allié historique d’Israël, ont pris leurs distances avec ce mouvement de reconnaissance. Le département d’État a parlé d’annonces « pour la galerie », préférant insister sur la nécessité d’une « diplomatie sérieuse ». Le discours attendu de Donald Trump mardi et celui de Benjamin Netanyahu vendredi devraient illustrer à la tribune de l’ONU la fracture internationale autour de cette question.

Le génocide à Gaza en toile de fond

Cette séquence diplomatique se déroule alors que l’armée israélienne poursuit son offensive dans la bande de Gaza, en réponse à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui avait fait 1.219 morts côté israélien, majoritairement des civils.

Selon les autorités de Gaza dirigées par le Hamas, les représailles israéliennes ont provoqué la mort de plus de 65 000 Palestiniens, en grande majorité des civils. La situation humanitaire y est jugée catastrophique par les organisations internationales.

Pour Max Rodenbeck, analyste à l’International Crisis Group, ces reconnaissances sont utiles pour soutenir les droits des Palestiniens mais risquent de rester symboliques sans mesures concrètes, dans un contexte où « l’effacement progressif de la vie palestinienne sur sa terre » continue de s’accélérer.