Gaza : l’OMS alerte sur une flambée de la malnutrition, notamment par le blocage délibérée de l’aide humanitaire

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme face à l’aggravation rapide de la malnutrition dans la bande de Gaza. Les restrictions d’accès à l’aide humanitaire, qualifiées de délibérées par l’agence onusienne, auraient déjà coûté la vie à des dizaines de civils. En juillet, le nombre de décès liés à la sous-alimentation a fortement augmenté, touchant surtout les enfants en bas âge et les femmes enceintes.

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woman and child in gaza
© OMS (Organisation mondiale de la santé)

Dans un communiqué publié dimanche, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état d’une détérioration rapide de la situation nutritionnelle dans la bande de Gaza, où les taux de malnutrition aiguë atteignent désormais des niveaux jugés critiques. Environ 20 % des enfants de moins de cinq ans sont touchés par ce phénomène, selon les chiffres communiqués par l’agence, citant ses partenaires du Global Nutrition Cluster. À Khan Younès et dans le centre de l’enclave, ces taux ont doublé en moins d’un mois, et dans certaines zones, l’incidence de la malnutrition a triplé depuis juin.

Selon les observations de terrain, la majorité des décès ont été enregistrés à l’arrivée dans les structures médicales ou peu après, les patients présentant des signes clairs d’émaciation extrême. Entre janvier et juillet 2025, 74 personnes sont mortes de causes liées à la malnutrition, dont 63 au cours du seul mois de juillet. Parmi elles, 24 enfants de moins de cinq ans, un enfant plus âgé, ainsi que 38 adultes.

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Accès humanitaire entravé et besoins urgent

Dans son évaluation, l’OMS indique que cette crise « reste entièrement évitable », et impute directement la montée de la mortalité au blocage répété de l’aide humanitaire. Malgré une « pause tactique » annoncée récemment par les autorités israéliennes pour faciliter l’entrée de convois humanitaires, les flux de nourriture, de médicaments et de matériel médical demeurent insuffisants pour couvrir les besoins. L’OMS appelle à un acheminement « continu, massif et sans entrave » de vivres variés et de soins adaptés, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes.

Le contexte sécuritaire rend également difficile la collecte complète des données : les chiffres disponibles sont probablement sous-estimés, car de nombreuses familles n’ont plus accès aux structures de santé ou ne peuvent s’y rendre sans risques. Cette opacité statistique entrave l’ampleur réelle de la réponse humanitaire à mettre en place.

Enfants et femmes en première ligne

Parmi les groupes les plus vulnérables, les enfants en bas âge et les femmes enceintes sont particulièrement touchés. Selon les données publiées par l’OMS, plus de 5 000 enfants de moins de cinq ans ont été traités en ambulatoire pour malnutrition pendant la première moitié de juillet, dont près de 18 % pour des formes aiguës sévères. En juin déjà, 6 500 enfants avaient reçu un traitement, un pic jamais atteint depuis le début de la guerre en octobre 2023.

Les centres spécialisés dans la gestion de la malnutrition, au nombre de quatre, sont actuellement débordés. En juillet, 73 enfants souffrant de complications médicales dues à une malnutrition sévère ont été hospitalisés, contre 39 le mois précédent. La situation des femmes enceintes et allaitantes est tout aussi préoccupante : plus de 40 % souffrent de malnutrition sévère, un taux qui a un impact direct sur la santé maternelle et sur les nouveau-nés.

Au-delà de la faim elle-même, la quête de nourriture devient une source de danger supplémentaire, souligne l’OMS. Les populations sont souvent contraintes de se déplacer dans des zones instables pour accéder à des distributions, exposant enfants et adultes à des risques physiques graves. La pénurie alimentaire, combinée aux difficultés d’approvisionnement en eau potable et en médicaments, contribue à une détérioration rapide de la santé publique dans l’enclave.

L’OMS met en garde

L’OMS met en garde contre les effets à long terme de la malnutrition aiguë sur le développement physique et cognitif des enfants. Sans action rapide, la situation pourrait entraîner des conséquences irréversibles pour une génération entière. Le manque d’alimentation diversifiée, de compléments nutritionnels et d’assistance médicale affecte déjà l’ensemble du système de santé local, affaibli par les mois de conflit et les restrictions de mouvement.

Le message est clair : retarder l’intervention, c’est condamner davantage de vies. L’agence onusienne appelle à une mobilisation internationale, et à une levée des obstacles logistiques qui freinent l’aide. La bande de Gaza, conclut l’OMS, a un besoin immédiat et vital d’un soutien massif, constant et sécurisé.