Gaza : Emmanuel Macron hausse le ton face à Israël en l’absence de réponse humanitaire

Depuis Singapour, ce vendredi, Emmanuel Macron a lancé un avertissement clair. Si l'aide humanitaire n’arrive pas rapidement à Gaza, la France soutiendra un durcissement de la position européenne envers Israël. Des sanctions pourraient être envisagées, tout comme une remise en cause des accords avec l’Union européenne. En parallèle, le président français a évoqué la reconnaissance d’un État palestinien, sous conditions précises.

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Emmanuel Macron lors du 50ème anniversaire de l’Agence Internationale de l’Énergie / © Elysée
Emmanuel Macron lors du 50ème anniversaire de l’Agence Internationale de l’Énergie en février 2024 / © Elysée

« Dans les prochaines heures, les prochains jours. » Le chef de l’État Emmanuel Macron a fixé un horizon très court s’agissant de l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza. S’il n’est pas respecté, « la position collective » vis-à-vis d’Israël devra, selon lui, se durcir. La France, dit-il, ne peut plus attendre. Il réclame une réponse « à la hauteur de la situation humanitaire ». Et, faute de progrès, appelle l’Union européenne à agir.

La suite est claire. Emmanuel Macron évoque l’accord d’association entre les Vingt-Sept et Israël, en précisant que son application repose sur le respect des droits de l’Homme. Or, « ce n’est pas le cas aujourd’hui ». Résultat : des processus pourraient être arrêtés, et des sanctions appliquées.

Une reconnaissance de l’État palestinien sous conditions

Dans le même temps, le président défend une ligne diplomatique structurée. Reconnaître un État palestinien ? Oui, répond-il. Mais à des conditions précises.

Il parle d’« exigence politique ». Aussi de « devoir moral ». Cette reconnaissance dépendrait de plusieurs points, présentés dans un ordre clair : libération des otages détenus par le Hamas, démilitarisation du mouvement, absence du Hamas dans la future gouvernance palestinienne, réforme de l’Autorité palestinienne, reconnaissance d’Israël et de son droit à la sécurité, et création d’un système de sécurité pour toute la région.

Une aide humanitaire en crise

Mardi, une distribution d’aide a viré au chaos. Quarante-sept personnes ont été blessées. La plupart par balles. C’était dans un centre géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). C’est ce qu’a rapporté le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme.

L’armée israélienne, mise en cause, se défend. Elle affirme que ses soldats ont tiré en l’air, pas sur la foule. Mais le doute persiste. L’épisode reflète l’instabilité dans laquelle se déroule l’aide humanitaire.

La GHF, créée récemment, est soutenue par Israël et les États-Unis. Mais elle ne fait pas consensus. L’ONU, ainsi que de nombreuses ONG, refusent de collaborer avec elle. La raison : elle ne respecterait pas les principes de base de l’aide humanitaire. À savoir : impartialité, neutralité, indépendance.

Une pression qui monte au niveau international

Emmanuel Macron veut agir. Il attend un geste d’Israël. Mais il prévient aussi : sans inflexion rapide, la réponse européenne changera de nature. Le ton est désormais plus direct. La France, traditionnellement en soutien d’une solution négociée, envisage aujourd’hui des leviers plus contraignants.

Dans ce contexte, l’équilibre diplomatique est fragile. Entre les impératifs humanitaires, la sécurité régionale, et la volonté de parvenir à une solution politique durable, la marge de manœuvre semble étroite. Pourtant, selon le président, l’urgence impose des décisions.