Karine Esquivillon, 54 ans, mère de cinq enfants, n’avait plus donné signe de vie depuis le 27 mars 2023. Son mari, Michel Pialle, 51 ans au moment des faits, avait attendu six jours avant de signaler sa disparition aux autorités, le 3 avril. Il affirmait alors qu’elle était partie d’elle-même, emportant des effets personnels, une carte bancaire, 14 000 euros en liquide et environ 30 000 euros en pièces d’or, selon une source policière.
Dans les jours qui ont suivi, des messages envoyés depuis le téléphone portable de la victime ont été adressés à une voisine et à certains membres de la famille. Le dernier, daté du 31 mars, évoquait un départ à l’étranger avec un ami. Ce scénario, relayé par le mari, a alimenté l’idée d’un départ volontaire. Une hypothèse qui a rapidement été remise en cause par les enquêteurs.
Aveux tardifs et découverte du corps
Le 14 juin 2023, après plusieurs semaines d’investigation et une première perquisition infructueuse, Michel Pialle est placé en garde à vue. Le lendemain, sous la pression des interrogatoires et confronté à de nouveaux éléments matériels, il avoue. Dans la nuit du 15 au 16 juin, il reconnaît avoir tué son épouse.
Il explique que le tir serait parti accidentellement alors qu’il prenait en photo une carabine 22 Long Rifle équipée d’un silencieux, dans le but de la vendre sur internet. Il dit ne pas avoir su que l’arme était chargée. Selon ses déclarations, Karine Esquivillon aurait été touchée au flanc gauche, lui aurait demandé d’appeler les secours, puis serait morte rapidement. Pris de panique, il aurait alors transporté son corps dans un terrain boisé à proximité de Challans, au lieu-dit Bois Gordeau.
L’arme, selon lui, aurait été jetée dans le lac de Maché et le téléphone portable, dans un fossé. L’arme n’a pas été retrouvée à ce jour. Les perquisitions menées au domicile du couple ont apporté des éléments clés à l’enquête. Le 11 avril, la première perquisition a permis de saisir plusieurs armes à feu, ainsi que le véhicule de Karine Esquivillon. Une seconde perquisition, réalisée en juin, a conduit à la découverte de la carte d’identité de la victime, renforçant les soupçons autour du comportement de Michel Pialle.
Le 16 juin 2023, grâce aux indications données par le mis en cause, le corps de Karine Esquivillon est retrouvé par les enquêteurs. Une autopsie est immédiatement ordonnée à l’institut médico-légal de Nantes. Le même jour, Michel Pialle est mis en examen pour meurtre sur conjoint et placé en détention provisoire.
Une version des faits contestée par le parquet
Dès le début de l’instruction, les déclarations de Michel Pialle ont suscité des interrogations. Le décalage entre la disparition et le signalement, la présence de SMS après le décès supposé de la victime, ainsi que les gestes posés pour dissimuler le corps et effacer certaines preuves ont pesé lourdement dans l’analyse du dossier.
Selon Le Parisien, un procès a été requis devant la cour d’assises. Les magistrats rejettent la thèse du tir accidentel. Selon eux, les éléments recueillis dans l’instruction montrent que Michel Pialle a agi de manière volontaire, excluant toute forme d’imprudence. Le crime est qualifié de meurtre, et non d’homicide involontaire. Il est présumé innocent.