Crise politique : Emmanuel Macron face à un choix décisif avant vendredi soir

Le président de la République doit désigner un nouveau Premier ministre d’ici la fin de la semaine, dans un climat politique tendu où chaque option comporte ses risques.

Emmanuel Macron lors du 50ème anniversaire de l’Agence Internationale de l’Énergie / © Elysée
Emmanuel Macron lors du 50ème anniversaire de l’Agence Internationale de l’Énergie en février 2024 / © Elysée

Le temps presse à l’Élysée. Depuis la démission soudaine de son Premier ministre lundi matin, Emmanuel Macron s’efforce de trouver la formule capable de ramener de la stabilité à un pouvoir fragilisé. Le chef de l’État a promis une décision avant vendredi soir.

D’ici là, il consulte, écoute, mesure les rapports de force. Entre la reconduction possible de Sébastien Lecornu, une ouverture vers la gauche ou la nomination d’une personnalité de consensus, le président sait qu’il joue gros et notamment son quinquennat.

« les perspectives d’une dissolution s’éloignent »

Mercredi soir, sur France 2, Sébastien Lecornu a estimé que « les perspectives d’une dissolution s’éloignent », précisant que « la situation permet pour le président de nommer un Premier ministre dans les 48 prochaines heures ». L’enjeu est de déposer dès lundi le projet de budget au Parlement. Mais le calendrier présidentiel se heurte à un autre impératif. Jeudi soir, Emmanuel Macron présidera la cérémonie d’entrée au Panthéon de Robert Badinter, figure historique de l’abolition de la peine de mort. Ce rendez-vous mémoriel, prévu de longue date, rend improbable toute prise de parole officielle avant vendredi. Le chef de l’État pourrait donc réserver sa décision, voire l’annonce d’une composition gouvernementale, à la toute fin de la semaine.

Chargé par le président d’une mission de deux jours, Sébastien Lecornu a livré ses conclusions sans ambiguïté. Selon lui, la future équipe gouvernementale devra être « totalement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027 ». Une manière de rappeler que la reconstruction politique ne peut se confondre avec les calculs personnels. Il a également abordé la question sensible de la réforme des retraites, sujet qui continue de diviser le camp présidentiel. « Il faut trouver un chemin pour que le débat ait lieu », a-t-il déclaré, tout en estimant qu’une suspension de la réforme coûterait « pas moins de trois milliards d’euros » d’ici 2027.

Une opposition unie dans la critique

Les appels à une cohabitation se multiplient. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, plaide pour qu’un représentant de la gauche prenne la tête du gouvernement. Les écologistes partagent cette position et préviennent : « S’il refuse la cohabitation, il devra partir ». La France insoumise, par la voix de Manuel Bompard, promet de censurer « tout gouvernement de grande coalition ».

À droite, la situation reste plus nuancée. Certains responsables des Républicains redoutent un effritement de leur base en cas de participation à un gouvernement élargi, tandis que d’autres se disent prêts à discuter, à condition que leurs priorités soient respectées, notamment sur la réforme des retraites.

À la veille d’une décision qui pourrait redessiner la scène politique, Emmanuel Macron reste silencieux. L’Élysée affirme qu’il « prendra ses responsabilités » à l’issue des ultimes consultations.