Depuis la mi-juin, l’apparition simultanée de cas de diarrhées sanglantes chez des enfants a alerté les services de santé. En quelques jours, les équipes de Santé publique France, de l’ARS Hauts-de-France et de la direction départementale de la protection des populations ont lancé des investigations pour comprendre l’origine de ces symptômes. Très vite, un point commun a été identifié, à savoir la consommation de viande issue de boucheries situées dans l’agglomération de Saint-Quentin.
Trente cas au total ont été recensés, dont dix ont évolué vers un syndrome hémolytique et urémique (SHU), une complication rénale sévère et parfois mortelle chez l’enfant. L’un des jeunes patients est décédé.
Des analyses biologiques qui établissent un lien formel
Les analyses menées en parallèle par l’Institut Pasteur, via le laboratoire national de référence et le centre national de référence, ont permis de séquencer les souches bactériennes. Celles retrouvées chez plusieurs malades sont identiques à celles détectées dans la viande commercialisée par certaines boucheries. Ce croisement génétique atteste du lien direct entre les cas humains et les produits carnés consommés.
Les résultats ont été transmis au parquet de Paris, en charge de l’enquête judiciaire. L’objectif est d’identifier les responsabilités. D’autres analyses sont en cours pour compléter ces premières conclusions et élargir l’étude aux autres établissements et aux cas recensés.
Une Enquête épidémiologique
L’enquête épidémiologique a débuté le 17 juin, après la détection des premiers cas dans l’Aisne. Des dizaines d’entretiens ont été menés avec les familles touchées, afin de retracer les repas consommés, les lieux d’achat et les aliments préparés dans les jours précédant les premiers symptômes.
La viande, présente dans presque tous les récits, a rapidement été pointée comme vecteur probable. Ce faisceau d’indices a conduit les autorités à fermer administrativement six boucheries entre le 19 et le 22 juin, en attendant les résultats des prélèvements. Le rayon boucherie de l’Intermarché Gauchy a été exclu de l’enquête. Les analyses n’ont révélé aucune trace de contamination.
Les cas se sont stabilisés. Aucun nouveau signalement n’a été enregistré depuis le 1er juillet, ce qui suggère que les mesures mises en place ont eu un effet direct sur la rupture de la chaîne de transmission. Les personnes ayant consommé de la viande provenant des boucheries mentionnées doivent surveiller leur état de santé. En cas de diarrhées sanglantes ou de douleurs abdominales persistantes, le 15 doit être contacté sans délai. En l’absence de symptômes, il n’est pas nécessaire de consulter un médecin. Les autorités sanitaires insistent néanmoins sur la vigilance, notamment pour les enfants, les personnes âgées ou fragiles, plus exposées au risque de complications.
Nettoyer pour prévenir de nouvelles contaminations
L’ARS rappelle que la bactérie E. coli responsable du SHU n’est pas un virus, mais une infection bactérienne. Elle se transmet principalement par l’alimentation et, dans une moindre mesure, par contact entre personnes. L’hygiène est donc cruciale pour limiter les risques.
Les recommandations sanitaires incluent le nettoyage rigoureux du réfrigérateur, à l’eau savonneuse puis à l’eau javellisée, surtout si de la viande contaminée y a été stockée. Les éponges doivent être désinfectées avant usage, soit par la chaleur, soit par trempage dans de l’eau chlorée.