Aide médicale d’État : Médecins du monde met en garde contre une réforme jugée « dangereuse » pour la santé publique

L’association Médecins du monde a dénoncé mercredi le projet du gouvernement de restreindre l’accès à l’Aide médicale d’État (AME), dispositif destiné aux étrangers en situation irrégulière. Selon l’ONG, ces mesures risquent de fragiliser les plus précaires et de peser davantage sur les hôpitaux déjà en crise.

Illustration. © PIXABAY
Illustration. Lits d'hôpital © PIXABAY

Le gouvernement étudie plusieurs modifications de l’AME. Il s’agirait de revoir les conditions d’accès et de réduire la liste des soins remboursés. Dans un communiqué, Matthias Thibeaud, référent plaidoyer de Médecins du monde, alerte : « Ces mesures auraient des conséquences directes et graves sur la santé des personnes en situation irrégulière les plus précaires » et « elles pèseraient inévitablement sur les urgences et sur les hôpitaux, accentuant la crise de notre système de santé ».

Des conditions plus strictes pour l’accès aux soins

Parmi les pistes évoquées figure l’obligation de présenter une pièce d’identité avec photo. Pour Médecins du monde, ce serait un obstacle car bon nombre de personnes ont perdu ou se sont fait confisquer leurs papiers durant leur parcours migratoire. Autre modification envisagée : prendre en compte les ressources du conjoint pour déterminer l’éligibilité. Selon l’ONG, cela exclurait des dizaines de milliers de bénéficiaires potentiels, dont environ 40 000 femmes précaires, et renforcerait de fait, la dépendance conjugale.

La mise en place d’un accord préalable pour certains soins est également mentionnée. Médecins du monde redoute que cette mesure entraîne des retards, voire des renoncements. « Prendre en charge une carie, une prothèse, avoir des lunettes, c’est essentiel pour vivre correctement », souligne Matthias Thibeaud. S’agissant de la balnéothérapie, que le gouvernement envisage de retirer de la liste des soins pris en charge, l’association parle d’une mesure « d’affichage » sans réalité concrète. Elle juge « indécent » de laisser croire que des migrants viennent en France pour ce type de soins.

La position du ministre Yannick Neuder

Le ministre délégué chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, s’est exprimé mercredi sur Europe 1. Selon lui, l’équilibre doit être trouvé entre fermeté et humanité : « On ne va pas demander aux équipes soignantes aux urgences qui reçoivent quelqu’un qui fait un infarctus ou un AVC s’il a ses papiers (…) les soignants doivent s’occuper des patients. Mais il ne faut pas que les dispositifs d’humanité soient un appel d’air. »

Face à la contrainte budgétaire, l’élu LR affirme que la question dépasse les clivages politiques : « Ce n’est pas une question de droite ou d’extrême droite, c’est une situation où tout le monde doit faire des efforts. » Il a ajouté comprendre que certains puissent être choqués qu’une personne n’ayant « jamais cotisé » bénéficie de soins gratuits, tout en appelant à ne pas céder aux discours populistes.