La cour d’appel d’Amiens (Somme) a confirmé ce jeudi les condamnations des deux jeunes hommes, aujourd’hui âgés de 21 et 20 ans, reconnus coupables d’avoir violemment agressé Shaïna Hansye en 2019, soit six mois avant qu’elle ne soit poignardée et brûlée vive par son ex-petit ami à Creil (Oise).
Le principal agresseur a été condamné à vingt mois de prison, dont six avec sursis. Il a toutefois été relaxé des faits de vol et de menaces de mort. Son complice, quant à lui, écope de douze mois de prison avec sursis. Ces peines sont identiques à celles prononcées en première instance par le tribunal pour enfants de Senlis, en juin 2024.
Une justice critiquée pour ses manquements
L’audience du 27 février dernier s’est tenue à huis clos, comme le prévoit la procédure devant la chambre spéciale des mineurs. Ce procès ne portait pas sur l’assassinat de Shaïna, mais sur un épisode de violences survenu en avril 2019. L’adolescente, alors âgée de 13 ans, avait eu le courage de porter plainte pour viol en réunion. En représailles, l’un des mis en cause, en violation de son contrôle judiciaire, avait organisé une expédition punitive à son encontre, rassemblant une dizaine de jeunes pour la passer à tabac.
Pour l’avocate Me Negar Haeri, cette affaire illustre une faillite du système judiciaire. « C’est un raté judiciaire. On ne devrait pas se réunir à nouveau pour cette affaire. Ça remet en question l’autorité judiciaire », a-t-elle déclaré avant l’audience du 27 février dernier. Elle pointe notamment le non-respect du contrôle judiciaire du principal condamné, qui aurait dû empêcher tout contact avec la victime.
Des réquisitions plus lourdes non suivies par la cour
Lors de l’audience d’appel, le procureur avait requis une peine de 24 mois de prison, dont 12 mois fermes pour Malik, soit une peine plus sévère que celle initialement prononcée. Pour Ryan, le parquet avait demandé le maintien de la peine de 12 mois avec sursis. Finalement, la cour d’appel a choisi de suivre les décisions de première instance, sans les alourdir.
À l’issue du premier jugement en juin 2024, Yasin Hansye, frère de la victime, avait livré un témoignage empreint d’émotion. « Satisfait et pas satisfait. Satisfait car encore une fois la justice a donné raison à ma petite sœur. Mais les peines sont tellement légères. J’ai toujours dit qu’il faudrait des peines fermes pour ce qu’ils ont fait à ma sœur. » Il a également dénoncé l’attitude d’un des deux jeunes pendant le procès : « Il s’est permis d’insulter mes parents et de mal parler au procureur de la République. » Une attitude perçue comme un signe d’impunité persistante pour la famille.
La mémoire de Shaïna au cœur du combat des proches
Depuis l’assassinat de Shaïna en octobre 2019, sa famille n’a cessé de se battre pour que justice soit rendue. Présents à chaque audience, ses proches portent désormais un combat plus large : celui de la reconnaissance de la parole de la jeune fille. « La parole de Shaïna a toujours été mise en doute, on a cherché à la salir », déplorait son avocate à l’audience d’appel.
Parveen Hansye, la mère de la victime, confiait récemment à Déchiffreur : « On est fatigués. » Une fatigue nourrie par des années de procédure, mais aussi par le sentiment persistant d’une justice à deux vitesses, qui n’aurait pas suffisamment protégé leur enfant.