Affaire Numan Toprakoğlu : plusieurs suspects interpellés pour diffusion de messages haineux après son passage à tabac

Le parquet de Mâcon a annoncé l’interpellation de plusieurs individus suspectés d’avoir diffusé des messages haineux et des données personnelles sur les réseaux sociaux, dans le contexte d’un homicide survenu à Prissé en août 2024. Une vaste opération coordonnée a mobilisé plus de 100 gendarmes.

Numan Toprakoğlu, 19 ans, battu à mort / DR
Numan Toprakoğlu, 19 ans, battu à mort / DR

Les faits remontent au 3 août 2024, lorsqu’une violente altercation éclate entre deux groupes à Prissé (Saône-et-Loire), entraînant la mort d’un jeune homme de 19 ans, Numan Toprakoğlu. Dans les heures qui suivent, des messages haineux accompagnés de menaces, ainsi que des informations personnelles — identités, adresses, photos — des présumés auteurs de l’agression du jeune homme sont massivement relayés sur les réseaux sociaux.

Ces publications entraînent une montée de tension importante dans la commune de Mâcon. Les forces de l’ordre sont sollicitées à plusieurs reprises pour rétablir le calme et protéger les habitants, dans un climat marqué par des appels à la vengeance.

Une réponse judiciaire coordonnée

Alertée par le préfet de Saône-et-Loire, la procureure de la République de Mâcon décide d’ouvrir une enquête, en lien avec le Centre national de lutte contre la haine en ligne. L’instruction est confiée à la section de recherches de Metz et à la brigade de recherches de Mâcon, sur le fondement de l’article 40 du Code de procédure pénale. L’objectif : identifier les auteurs des publications haineuses et les poursuivre pour provocation publique à commettre des délits, ainsi que pour atteintes à la vie privée.

Suite au travail des cyber-enquêteurs de l’antenne C3N (Centre de lutte contre les criminalités numériques), plusieurs individus sont localisés à Mâcon, Clermont-Ferrand, L’Horme, Saint-Chamond, Aubière, Blois et Lons-le-Saunier. Ces unités spécialisées de la gendarmerie nationale, rattachées aux sections de recherches, luttent contre toutes les formes de cybercriminalité : haine en ligne, rançongiciels, pédocriminalité, atteintes aux systèmes informatiques, etc.

Les huit individus seraient à l’origine des premiers messages qui ont alimenté les différentes violences sur les réseaux sociaux.

Des interpellations simultanées

Le 15 avril 2025, une opération judiciaire d’envergure est lancée. Plus de 100 gendarmes sont mobilisés pour procéder à l’interpellation simultanée de tous les suspects, placés en garde à vue dans la foulée. À l’issue de leur audition, ils ont été convoqués devant le tribunal correctionnel de Mâcon.

Ils sont poursuivis pour provocation publique à commettre un crime ou un délit, ainsi que pour divulgation d’informations personnelles permettant d’identifier et localiser une personne, l’exposant à un risque d’atteinte à sa vie ou à ses biens. Des faits passibles de 5 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.