Actes génocidaires à Gaza : l’UE met sur la table un projet de sanctions contre Israël

La Commission européenne a proposé mercredi de réintroduire des droits de douane sur une partie des importations israéliennes et de sanctionner plusieurs figures politiques israéliennes ainsi que des colons extrémistes en Cisjordanie. Ces mesures, présentées comme un moyen de faire pression pour améliorer la situation humanitaire à Gaza, devront encore être validées par les États membres.

Illustration. Gaza, le 27 octobre 2023 © MUSA ALZANOUN / PXL
Illustration. Gaza, le 27 octobre 2023 © MUSA ALZANOUN / PXL

La Commission européenne a détaillé un projet qui combine sanctions économiques et mesures ciblées contre certains responsables. Kaja Kallas, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères, a insisté sur le fait que l’objectif n’était pas de « punir Israël » mais de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. Dans un message publié sur X, Ursula von der Leyen a réaffirmé la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, donnant un cadre politique à ces propositions.

Des exportations agricoles directement concernées

L’exécutif européen souhaite mettre fin à plusieurs exemptions douanières qui profitent actuellement aux exportateurs israéliens. En cas d’adoption, environ 37 % des importations israéliennes vers l’UE, évaluées à 15,9 milliards d’euros, seraient de nouveau taxées selon les règles de l’Organisation mondiale du commerce. Les produits agricoles, en particulier les fruits et leurs dérivés, subiraient une hausse des droits de douane allant de 8 à 40 %. Comme l’Union européenne représente le premier partenaire commercial d’Israël, un tel changement pèserait directement sur ses échanges.

La Commission propose également de cibler deux ministres israéliens d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir, en charge de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich, ministre des Finances. Les mesures incluraient aussi des colons extrémistes en Cisjordanie ainsi qu’une dizaine de responsables du Hamas. Déjà présentée en août 2024, cette initiative avait échoué faute d’unanimité au sein des États membres, la Hongrie s’y étant opposée.

Une adoption incertaine

Les sanctions individuelles requièrent l’unanimité des Vingt-Sept, ce qui rend leur approbation complexe. Les mesures commerciales, elles, pourraient être validées à la majorité qualifiée, mais la réticence affichée par plusieurs pays comme l’Allemagne ou l’Italie réduit les perspectives de consensus. « Vous connaissez très bien la situation au sein du Conseil », a observé Kaja Kallas, rappelant l’équilibre fragile des discussions.

Du côté israélien, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a mis en garde contre toute tentative de sanctions, affirmant qu’elles appelleraient une « réponse appropriée ». Dans une lettre adressée à Ursula von der Leyen, Israël avait déjà exprimé son opposition au recours à la pression économique.

En parallèle, Bruxelles a annoncé la suspension de son aide bilatérale directe à Israël, estimée à une vingtaine de millions d’euros, sans remettre en cause les programmes destinés aux Palestiniens ni ceux qui soutiennent la société civile israélienne.