A peine nommé, le gouvernement Lecornu vacille

À peine installé, le gouvernement de Sébastien Lecornu fait face à des dissensions internes et à une vague de critiques venues de tous bords. Alors que la France traverse une période d’instabilité politique prolongée et une crise des finances publiques, cette fragilité pourrait remettre en cause la cohésion du nouvel exécutif avant même son premier Conseil des ministres.

© CAPTURE D'ÉCRAN SEBASTIEN LECORNU/X/MINISTÈRE DES ARMÉES/DR

Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre le 9 septembre, est le cinquième chef du gouvernement sous la présidence d’Emmanuel Macron depuis 2022, et le troisième en seulement douze mois. Son premier Conseil des ministres doit se tenir ce lundi à l’Élysée. Mais avant même cette réunion, des tensions éclatent au sein de cette formation. Composé de 18 ministres, dont la plupart ont déjà occupé un poste similaire, l’exécutif a été présenté dimanche soir, après quatre semaines de consultations. Ce nouveau gouvernement, peu renouvelée, a suscité des réactions critiques jusque dans le camp gouvernemental.

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pourtant reconduit, a dénoncé une formation qui, selon lui, « ne reflète pas la rupture promise ». Il a convoqué une réunion d’urgence de son parti, Les Républicains, ouvrant la possibilité d’un retrait de la droite de la droite du gouvernement.

Des critiques unanimes contre un gouvernement jugé sans renouveau

Les oppositions ont dénoncé, dès l’annonce de la nouvelle équipe, un gouvernement « de continuité » plutôt qu’un gouvernement de rupture. Douze ministres sur dix-huit étaient déjà en poste dans le précédent cabinet. Parmi eux, Jean-Noël Barrot, qui conserve les Affaires étrangères, ou encore Gérald Darmanin, désormais en charge de la Justice.

Le retour de Bruno Le Maire au gouvernement, cette fois au ministère des Armées, a également surpris. En poste à l’Économie et aux Finances de 2017 à 2024, il est remplacé par Roland Lescure, désormais chargé de redresser des comptes publics fortement dégradés. La dette française atteint aujourd’hui 3.300 milliards d’euros, soit plus de 115 % du PIB.

Les réactions politiques n’ont pas tardé. Les termes de « recyclage », « provocation » ou « déni de démocratie » sont revenus dans de nombreux communiqués. Le ton s’est durci à gauche comme à l’extrême droite, nourrissant le spectre d’une censure rapide.

Le défi du budget 2026 au cœur des tensions

L’avenir du gouvernement se jouera dès cet automne, lors du débat sur le budget 2026. Ce texte pourrait devenir un test de survie pour Sébastien Lecornu, comme il l’a été pour son prédécesseur François Bayrou, renversé sur cette même question.

Le Premier ministre a demandé à ses ministres de « trouver des compromis » afin d’éviter une impasse budgétaire. Mais les positions semblent déjà figées. Le chef des députés socialistes, Boris Vallaud, accuse le camp présidentiel de « plonger chaque jour un peu plus le pays dans le chaos ».

L’instabilité du gouvernement Lecornu pourrait accentuer la crise politique que connaît la France depuis plus d’un an.

Service Politique / Déchiffreur